Au lendemain d’une rencontre entre le Premier ministre et les principales associations de défense de l’environnement le jeudi 14 mars 2024, le gouvernement a précisé qu’une version définitive du plan Ecophyto sera présentée au début d'avril. En parallèle, le ministère de l’Agriculture lance un cycle de réunions pour étudier les « surtranspositions » de normes sur les pesticides, dénoncées par les agriculteurs.

Une version définitive du plan Ecophyto

La version définitive de la nouvelle stratégie de réduction d’usage des pesticides Ecophyto doit être présentée au début d'avril, a appris l’AFP ce vendredi auprès de Matignon, ainsi que celle du plan Parsada, destiné à anticiper le retrait de certaines molécules dans les années à venir.

Il s’agira du « plan définitif », qui sera présenté « au début d'avril après les dernières consultations du mois de mars ». Le président Emmanuel Macron, notamment, doit recevoir une nouvelle fois les représentants des agriculteurs.

Syndicats et ONG tentent de se faire entendre auprès de Matignon

Cette précision a été donnée au lendemain d’une rencontre entre le Premier ministre Gabriel Attal et les principales associations de défense de l’environnement. Reçues à Matignon pour la première fois depuis la crise agricole, ces associations ont fait entendre à Gabriel Attal leur « colère » contre ses « reculs » écologiques depuis cette crise, obtenant la promesse d’être de nouveau écoutées mais sans encore avoir reçu de « signaux clairs ».

Le gouvernement entend abandonner l’indicateur qu’il utilise actuellement pour mesurer la réduction de l’usage des pesticides, le Nodu, défendu par les associations environnementales mais contesté par la FNSEA et l’industrie des pesticides, au profit de l’indicateur européen HRI1.

La FNSEA conteste aussi le pouvoir de décider de l’autorisation d’un pesticide en France dévolu à l’agence sanitaire Anses. Matignon a assuré vendredi que l’Anses « continuerait à délivrer les autorisations » de pesticides.

Le Premier ministre marche sur un fil : il recevait lundi soir les syndicats agricoles qui font pression en sens inverse. La FNSEA a estimé que le gouvernement n’allait pas « au bon rythme » pour concrétiser les 62 mesures annoncées par l’exécutif pour répondre à leurs revendications.

Par ailleurs, afin d’identifier les « surtranspositions » des normes européennes par la France sur les pesticides, le ministère de l’Agriculture lance dès ce vendredi 15 mars 2024 un cycle de réunions de travail.

Les agriculteurs dénoncent des « distorsions de concurrence »

La profession a « le sentiment » de devoir faire face à des « distorsions de concurrence […] sur certains usages de produits phytopharmaceutiques » interdits en France et pas dans d’autres États de l’Union européenne, a expliqué le ministère lors d’un point avec la presse.

Il a notamment été remonté au gouvernement « des différences entre la France et la Belgique, sur les choux, les poireaux et les oignons », a détaillé le ministère. Les filières de la cerise, de la pomme et de la noisette disent aussi se retrouver dans des impasses techniques face à l’interdiction, déjà décidée ou à venir, de produits phytosanitaires.

Les « surtranspositions » des normes européennes par la France sur les pesticides dénoncées comme une concurrence injuste par les agriculteurs existent-elles vraiment et, le cas échéant, comment y remédier à court terme ?

C’est l’objet du cycle de réunions lancé par le ministère de l’Agriculture. Il veut donc avoir « une vision exhaustive de la situation » en France et dans les autres Etats membres. Dans certains cas, le fabricant de pesticides n’a peut-être tout simplement pas déposé de demande de mise sur le marché dans le pays faute de demande suffisante, ou le produit est autorisé ailleurs car les conditions de culture y sont différentes, a souligné le ministère.

Si des distorsions sont effectivement constatées, ce cycle de réunions veut « identifier les leviers d’action possibles […] tels que les reconnaissances mutuelles d’usage de molécules entre États membres ou bien des dérogations 120 jours » de mises sur le marché, autorisées par le règlement européen en cas d’urgence phytosanitaire.

Déterminer les situations les plus problématiques

Sous l’égide de la ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher, des représentants des administrations, des agences Anses et Inrae, des chambres d’agriculture, des instituts techniques agricoles et des syndicats du secteur se réunissent dès ce vendredi 15 mars pour déterminer les situations les plus problématiques et tenter de trouver des solutions pour les récoltes de cette année.

Dans tous les cas, ces réunions n’ont pas vocation à « réautoriser » des produits interdits, « il y a des interdictions qu’on assume » comme sur les néonicotinoïdes, a souligné l’exécutif.