Alors que le Premier ministre a annoncé, jeudi 1er février, une « mise en pause » pour quelques semaines du plan Ecophyto, Phyteis a salué le jeudi 8 février 2024 lors de sa conférence de presse annuelle, « l’opportunité d’une réflexion collective autour d’une nouvelle méthode, tout en réaffirmant l’importance d’une transition agroécologique ».

Diminuer l’impact des pesticides

« Diminuer les impacts de nos produits est un objectif sur lequel nous travaillons sans relâche depuis des années, a indiqué Yves Picquet, le président de Phyteis et de Bayer France. Malgré des avancées indéniables dans le cadre du plan Ecophyto, les politiques publiques françaises se sont jusqu’à présent concentrées sur le suivi des quantités de matières actives utilisées, privant parfois l’agriculture française de ses moyens de production sans que des alternatives efficaces et facilement déployables ne soient disponibles. »

Or Phyteis considère qu’une harmonisation des indicateurs autour de la réduction des impacts liés à la production agricole serait de nature à faire converger et à ne plus opposer les enjeux de préservation de la santé et des écosystèmes, d’adaptation de l’agriculture au changement climatique et de souveraineté alimentaire. « Cela implique un changement de méthode centré sur la co-construction et l’incitation plutôt que l’obligation punitive, et la prise en compte de la parole de tous les acteurs de la chaîne de valeur agricole, dont la protection des cultures est un maillon incontournable », a insisté Phyteis.

Approche combinatoire

L’organisation professionnelle, qui fédère dix-huit entreprises représentant près de 90 % des solutions de protection des cultures à usage agricole du marché français, a ainsi rappelé la nécessité de concentrer les efforts sur la réduction des impacts liés à la production agricole, plutôt qu’à la diminution des quantités de matières actives utilisées.

« L’approche combinatoire va apporter de nombreuses solutions alternatives pour toutes les agricultures », a complété Yves Picquet. Pour accélérer l’émergence et l’adoption progressive de ces solutions, plusieurs conditions de succès doivent être remplies, selon Phyteis :

  • Ne pas interdire de substances pour lesquelles aucune alternative efficace n’est disponible ;
  • Intégrer dans les plans de transition le pas de temps incompressible de la recherche ;
  • Favoriser l’émergence de nouveaux champs d’innovation ;
  • Accompagner l’adoption d’alternatives innovantes.

« Il faut aussi inclure l’ensemble des maillons de la chaîne de valeur agricole dans les réflexions et travaux collectifs — sans oublier le secteur de la protection des cultures », a appuyé l’organisation.

Hausse des produits utilisables en agriculture biologique

« En France, 64 898 tonnes de matières actives ont été vendues par les adhérents de Phyteis à la distribution en 2022 contre 55 400 tonnes en 2021, marquant une hausse en trompe-l’œil de 17 % mais confirmant une baisse structurelle observée depuis plus de 20 ans », a de plus précisé Pierre-Yves Busschaert, responsable des affaires économiques à Phyteis. Le volume des ventes à la distribution a reculé de 17,4 % depuis 2008, année de lancement du plan Ecophyto, et de 46 % depuis 1999.

Cette hausse s’expliquerait en grande partie par la croissance des ventes de matières actives utilisables en agriculture biologique (UAB). Selon Phyteis, ces dernières comptent ainsi pour près de la moitié de l’augmentation des volumes vendus entre 2021 et 2022. « Avec 24 000 tonnes vendues en 2022, en croissance de près de 24 % en un an et de près de 54 % par rapport à 2020, les UAB représentent plus du tiers des volumes de matières actives vendues à la distribution (37 %) », détaille Phyteis.

Hors soufre et cuivre, le marché français des matières actives phytopharmaceutiques resterait relativement stable et enregistre une hausse « n’indiquant ni une croissance des volumes utilisés, ni une croissance des besoins ».

Baisse du chiffre d’affaires

Les adhérents de Phyteis informent avoir réalisé en 2023 un chiffre d’affaires total de 2,4 milliards d’euros contre 2,5 milliards d’euros en 2022, soit une baisse de 5,17 %.

« Sur un an, la répartition des ventes de matières actives phytopharmaceutiques reste stable en valeur également, avec 46 % de produits herbicides, 30 % de produits fongicides, 14 % de produits divers et 9 % de produits insecticides vendus en 2023. Les ventes de produits de biocontrôle réalisées par les adhérents de Phyteis sont estimées à 82 millions d’euros et celles des biostimulants homologués MFSC (matières fertilisantes et supports de culture) sont estimées à 28 millions d’euros.