« Après avoir essayé durant deux ans des méthodes de protection alternatives au sein du groupe Dephy grandes cultures, je me suis lancé en 2022 sur mes 30 ha de blé et d'orge. La pression des maladies était modérée. Sans aucun fongicide mais avec deux applications de préparations à base d'ortie et de consoude, j'ai préservé l'état sanitaire de mes cultures. Il faut voir ce que cela donnera avec une pression plus forte. Mais c'est encourageant ! », estime David Comminges, qui cultive 230 ha en polyculture-élevage avec sa sœur à Sainte-Suzanne, dans l'Ariège.

Ce groupe Dephy rassemble treize agriculteurs. Après avoir bien réduit leurs IFT (indice de fréquence de traitement), six d'entre eux ont voulu aller plus loin. Depuis 2019, ils se forment à l'utilisation des préparations à base de plantes et des huiles essentielles. « Il ne s'agit pas juste de changer de produit de traitement. C'est une approche globale pour améliorer l'équilibre du sol et des plantes, afin que celles-ci résistent mieux aux bioagresseurs », explique David.

« Ces préparations agissent en préventif en jouant sur le potentiel d'oxydoréduction. Appliquées à l'automne elles améliorent ainsi la vitalité du sol et au printemps celle des plantes, qui à l'œil paraissent plus vertes et vigoureuses », observe Aurélie Cabirol, de la chambre d'agriculture, qui anime ce groupe. Les huiles essentielles, elles, ont plutôt un effet curatif.

Au sein du groupe, des essais ont bien marché, d'autres non. « En 2022, nous avons observé des attaques de rouille jaune dans une parcelle et d'oïdium dans une autre. Pour rattraper la situation, il a fallu revenir à un fongicide conventionnel à pleine dose », note-t-elle. « Il n'y a pas de recette miracle, nous devons trouver la nôtre en essayant. C'est plus facile en mutualisant nos expériences », relève David.

Des coûts équivalents

En 2022, cet agriculteur a appliqué sur blé et orge deux préparations à base d'ortie et de consoude, une première fois début mars puis début avril. À la dose de 5 l/ha dans un volume de bouillie de 50 l/ha, ces produits lui ont coûté 36 €/ha. « C'est équivalent au coût des fongicides à dose réduite que j'utilisais avant », calcule-t-il. Pénalisé par une forte sécheresse, le rendement moyen a été de 56 q/ha en blé améliorant, et sur petites terres séchantes de 27 q/ha en orge.

« Pour mieux évaluer l'efficacité de la protection, nous allons installer cette année un témoin non-traité et un autre avec des traitements conventionnels », note Aurélie. David est bien décidé à continuer, même s'il y a une prise de risque. « J'apprécie de manipuler moins de produits toxiques. Et à moyen terme, j'espère améliorer encore la vie de mes sols, que j'ai déjà bien réactivés en pratiquant depuis dix ans des techniques culturales simplifiées associées à des couverts ».