Le constat est sans appel : « Si les souches faiblement (TriLR) et moyennement résistantes (TriMR) diminuent, la fréquence des TriMR évoluées et MDR progresse malgré la faible pression maladie », alerte Claude Maumené, d’Arvalis. Entre 2015 et 2017, la fréquence globale des TriMR évoluées est multipliée par 3,1 (elle passe de 11 en 2015 à 29 en 2016, puis à 34 % en 2017). Celle des MDR est multipliée par 1,7 depuis 2015 (8 % en 2015, 10 % en 2016 et 13 % en 2017). « Au total, près d’une souche sur deux (47 %) en France est moyennement ou fortement résistante aux triazoles », compte Claude Maumené. Si cette progression concerne presque toutes les régions, la présence de souches MDR reste plus marquée dans les régions nord. Elle atteint près de 30 % dans le Pas-de-Calais.

En présence d’une forte proportion de souches TriMR évoluées et MDR, l’efficacité des solutions triazoles est sévèrement affectée. D’où l’importance « de les alterner et de ne pas utiliser deux fois la même matière active », martèle Arvalis.

Par ailleurs, fractionner en quatre passages exerce une plus forte sélection des souches résistantes. Marie-Monique Bodilis, d’Arvalis, recommande « de ne pas multiplier le nombre de traitements s’ils ne sont pas nécessaires ». Néanmoins, en situation de forte résistance aux triazoles, « les souches restent sensibles au chlorothalonil et au folpel », note-t-elle.

Selon les essais du réseau Performance 2017, une solution sans triazole au T1 est possible avec le chlorothalonil utilisé seul à 750 g/ha. Toutefois, « cette option économique est à envisager uniquement sur variétés résistantes à la rouille jaune », précise Arvalis. « En T2, utiliser une matière active multisite comme le chlorothalonil ralentirait la pression de sélection sur les souches MDR », précise Claude Maumené.

Les SDHI aussi

L’ingénieur constate également des cas de résistances aux SDHI. « Elles sont en nombre négligeables mais elles existent. On continue à utiliser des SDHI, donc on s’attend à d’autres pressions de sélection. »

Pour rappel, la résistance aux SDHI est apparue en France et en Europe en 2012. Elle avait été détectée à nouveau en 2016 et l’est encore sur le réseau Performance. 12 % des populations analysées contiennent de faibles fréquences de souches résistantes au boscalid et au bixafen. « Pour ralentir la progression des résistances, Marie-Monique Bodilis conseille de limiter l’utilisation des SDHI à un seul passage dans un programme de protection, associé à d’autres modes d’action comme les triazoles. »