Les plateformes en ligne n’ont pas fini de faire parler d’elles. Près de 3 000 litres de pesticides ont été saisis chez les particuliers depuis le début de l’année par les agents de la police de l’environnement malgré l’interdiction de leur usage depuis 2019, a annoncé l’OFB, le 27 novembre 2025. De telles quantités représentent 1 000 hectares de surfaces traitées, soit près de 1 500 terrains de foot selon un dosage standard du produit, indique l’organisme public.

Une opération d’une telle envergure sur les produits phytosanitaires chez les acquéreurs et vendeurs particuliers n’avait jamais été menée. Près de 600 contrôles ont été effectués sur 83 départements entre le 1er janvier et le 31 octobre.

Des produits encore proposés sur des sites de vente en ligne

Depuis le 1er janvier 2019, il est interdit aux particuliers et aux professionnels non agréés d’acheter ou d’utiliser, dans les jardins, potagers, balcons, terrasses et plantes d’intérieur, des produits phytopharmaceutiques de synthèse pour protéger leurs plantations de certains organismes (insectes, « mauvaises herbes »…) jugés nuisibles.

La vente de ces produits en jardineries et dans les rayons spécialisés en grande distribution a été arrêtée, mais « il est encore fréquent que des sites de vente en ligne proposent illégalement et de manière frauduleuse ces produits à la vente », indique l’OFB.

Prévenir les atteintes sur les milieux naturels

« En visant non plus les fournisseurs mais également les acquéreurs et les usagers de produits phytopharmaceutiques, l’opération lancée par l’OFB en 2025 vise à prévenir les atteintes » sur les milieux naturels et particulièrement les réserves en eau « en saisissant notamment les produits acquis illégalement pour en empêcher l’usage », indique-t-il dans un communiqué.

Entre 1994 et 2013, 7 716 captages d’eau destinés à la consommation humaine sur les 32 000 que compte la France ont été abandonnés, dont 39 % en raison de la présence de pesticides ou de nitrates, rappelle l’OFB soulignant également les effets délétères des produits phytosanitaires sur la biodiversité notamment les insectes dont les populations ont chuté de 70 à 80 % en Europe au cours des dernières décennies.

Des substances utilisées « sans précaution particulière »

Par ailleurs l’OFB note que la plupart des particuliers utilisant ces produits ne sont pas conscients des risques qu’ils encourent.

Ainsi les substances saisies « étaient fréquemment utilisées à des concentrations dangereuses pour la santé humaine, sans précaution particulière. De plus, aucune mesure de protection n’était mise en place pour préserver la santé des autres occupants du domicile, notamment les enfants, personnes âgées ou personnes vulnérables, exposés involontairement aux produits », explique l’organisme.

Des procédures judiciaires en cours

Les revendeurs de produits phytosanitaires interdits se retrouvent de plus en plus souvent devant la justice. Le 18 novembre 2025, deux procès ont notamment eu lieu à Orléans dans des affaires de « dropshipping ». L’un des prévenus, jugés en appel, avait par exemple généré près de 170 000 euros de bénéfices avec plus de 9 000 litres de pesticides vendus en deux ans dans la région Centre-Val de Loire. En première instance, en juin 2023, il avait écopé d’un an d’emprisonnement et de 10 000 euros d’amende.

Du côté des particuliers acquéreurs, la loi prévoit une sanction sévère en cas d’usage de l’une des 173 substances interdites en 2019, dont celles à base de glyphosate. L’amende peut atteindre 30 000 euros et être assortie d’une peine de six mois de prison ferme.