L’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs (OQEI), porté par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), ont présenté le 27 novembre 2025 les résultats de l’étude Pestiloge.
De nombreux pesticides, d'origine agricole ou non agricole, ont ainsi été détectés dans l’air et les poussières des logements, alors même que certains font l’objet d’une restriction, voire d’une interdiction d’usage depuis plusieurs années. Par exemple, le lindane et la perméthrine, qui ont été retrouvés, ont respectivement été interdits en France en 1998 et en 2003. « Cela témoigne de leur persistance dans les milieux après utilisation, en particulier au sein des environnements intérieurs », juge l’Observatoire.
Analyses de l’air intérieur
Les résultats montrent que dans l’air intérieur :
- 4 pesticides sont omniprésents dans plus de 80 % des logements : deux insecticides (lindane, transfluthrine), mais aussi de deux insectifuges (DEET, icaridine).
- Le fongicide folpel est détecté dans plus de 60 % des logements, et l’herbicide chlorprophame dans 70 %.
- La perméthrine, un insecticide, a été quantifiée dans plus de la moitié des logements.
À noter : plus de la moitié des 81 pesticides cibles recherchés n’ont pas ou très peu été détectés dans l’air des logements enquêtés. Ainsi, 10 substances n’ont jamais été retrouvées, et 37 très rarement détectées (moins de 5 % des logements).
« Pour le lindane et la perméthrine, des concentrations généralement plus élevées que dans l’air extérieur ont été observées dans les logements. Dans certains logements, les concentrations dépassent 10 ng/m3 (DEET, icaridine, lindane) », révèle l’étude.
Et des poussières
Dans les poussières des logements cette fois, seuls 30 % des pesticides recherchés n’ont pas (5 molécules) ou très peu été détectés (22 substances actives), soit dans moins de 5 % des logements.
En revanche, 13 molécules ont été détectées dans les poussières de plus de 90 % des logements :
- 5 fongicides : le boscalid, le dicloran, le difénoconazole, le propiconazole, et le tébuconazole ;
- 4 insecticides : l’acétamipride, la cyperméthrine, l’imidaclopride, et la perméthrine ;
- 2 herbicides : le glyphosate et le terbutryne ;
- et 2 répulsifs d’insecte : le DEET et l’icaridine.
De plus, 4 autres substances ont été quantifiées dans plus de 50 % des logements : le fipronil, le lindane, le pyriproxyfène et la transfluthrine.
L’étude dévoile également que la concentration de certains pesticides dans les poussières des logements peut atteindre 100 ng/g pour la moitié des logements (glyphosate, perméthrine et butoxyde de pipéronyle), voire 1000 ng/g dans au moins 5 % des logements (perméthrine, imidaclopride, glyphosate, cyperméthrine, butoxyde de pipéronyle, fipronil, icaridine et pyriproxyfène).
En outre, Pestiloge montre que la proximité d’une zone de culture et l’usage de produits pesticides à l’extérieur sont associés à une teneur en général plus importante de glyphosate dans les poussières. L’usage de produits pesticides à l’intérieur est, lui, associé à une teneur en général plus importante de fipronil et de perméthrine dans les poussières.
Manque de références
Toutefois, en l’absence de valeurs de référence ou de seuils réglementaires pour l’air intérieur comme dans les poussières, le CSTB et l’Anses précisent qu'« il n’est pas possible de dire si l’exposition à ces concentrations représente ou non un risque pour la santé des occupants ».
En attendant que ces données publiques contribuent à l’évaluation des risques liés à l’exposition à ces substances par l’Anses, il est conseillé de nettoyer régulièrement les surfaces et d’aspirer les poussières pour limiter la persistance de ces substances dans le logement.
Et d’ajouter : « une vigilance doit être maintenue quant à la présence de vieux meubles ou charpentes en bois qui ont pu être traités par des produits biocides aujourd’hui interdits d’usage. De même, l’utilisation de vieux stocks de produits phytopharmaceutiques ou biocides n’est pas recommandée. »
(1) Par exemple : le lindane est interdit en France depuis 1998 et la perméthrine depuis 2003.