La Pac réformée, qui débute en 2023 jusqu’en 2027, va-t-elle vraiment changer la donne ? La question a été posée aux représentants des filières bovines, ovines et caprines, lors de la conférence « La Pac dans tous ses états » coorganisée par l’Institut de l'élevage (Idele) et la Confédération nationale de l’élevage (CNE) le 16 novembre 2022 à Paris.
L'aide à l'UGB pénalise les systèmes intensifs
Il y a bien sûr la question des aides Pac. L’élevage se trouve pénalisé par le choix français de financer les aides couplées aux protéines végétales en ponctionnant l’enveloppe des aides couplées animales. Et la nouvelle aide à l’UGB de plus de 16 mois, qui remplace l’aide aux bovins laitiers et allaitants, avantagera globalement les laitiers et les élevages extensifs, au détriment des élevages allaitants et intensifs.
En lait, l'aval mis en cause
Pas de quoi cependant redonner le sourire aux producteurs laitiers. « Le plan stratégique national PSN (déclinaison française de la Pac, NDLR), ne crée pas de grand bouleversement », estime Thierry Roquefeuil, de la FNPL (fédération nationale des producteurs de lait). Selon lui, les difficultés viennent du découplage des aides, affectées à l’hectare plutôt qu’aux actifs. Or, les heures de travail rapportées à l’hectare sont plus importantes en élevage qu’en grandes cultures, ce qui n’encourage pas l’élevage, pointe Thierry Roquefeuil : « Aura-t-on assez de bras demain ? » Finalement, l’élevage laitier ne sera dynamique que si la filière l’est. Or, « c’est l’aval qui n’est pas compétitif, pas les éleveurs ! », lâche-t-il.
La Pac ne joue pas sur la compétitivité
« Le PSN est défavorable aux éleveurs qui se demandent si on les abandonne, estime tout de go Bruno Dufayet, représentant des éleveurs de bovins à viande à la FNB (Ffédération nationale bovine). Du côté du verdissement, il ne bouleverse pas trop les choses, c’est un peu plan-plan … » Pour lui, la Pac ne répond pas aux enjeux majeurs de la filière, à savoir la décapitalisation des cheptels et le renouvellement des générations. « Rien n’est fait pour enrayer la déprise laitière et allaitante. Les allaitants vont, en plus, perdre 10 à 15 centimes d'euro du kilo d’aides pour les protéines ». Proche de son collègue du lait, il dénonce la captation par l’aval des soutiens, et le risque de déstabilisation du marché avec les nouvelles aides à l’UGB.
Du côté des ovins et des caprins, les représentants des professionnels ne sont pas plus élogieux sur le PSN et craignent pour la « vivabilité » de leurs filières.
En somme, si elles veulent gagner en compétitivité, les filières animales ne doivent pas trop miser sur la prochaine Pac.