Jusqu’au 1er janvier 2024, les 650 brebis de Rachel et de Pierre Roger étaient conduites en plein air, en grande partie sur les intercultures des 200 hectares (ha) de céréales. Les 18 ha de vergers de noyers étaient également utilisés lors des agnelages. Installés à Conan dans le Loir-et-Cher, les exploitants avaient toutefois du mal à maîtriser les résultats techniques de la troupe. Le taux de mortalité des agneaux, en particulier, atteignait 30 % au printemps. C’est pourquoi les époux se sont résolus à construire un bâtiment.
Effectif grandissant
Les ovins sont arrivés sur leur exploitation céréalière en 2017 pour valoriser les couverts et les noyeraies. Pierre avait alors mis le cap sur les techniques de l’agriculture de conservation. Avec le troupeau, l’ambition était d’améliorer la vie biologique du sol. L’effectif a augmenté petit à petit pour atteindre aujourd’hui 650 têtes. Rachel, qui exerçait le métier d’infirmière, a rejoint son mari pour s’occuper de la troupe. « Avec quatre enfants, l’organisation pour les astreintes de nuit devenait de plus en plus contraignante », souligne-t-elle.
Reste qu’avec l’augmentation de l’effectif, les intercultures et les vergers sont vite devenus insuffisants pour nourrir toutes les brebis. Les associées ont augmenté la surface en prairies. Une trentaine d’hectares sont présents sur les 257 ha que compte l’exploitation. « Nous disposons aussi de 17 ha de parcours (Natura 2000) et de 5 ha de luzerne pour les stocks. »
Jusqu’au début de l’année 2024, tous les agneaux produits étaient engraissés sur les couverts ou sur les prairies. « Le défi était difficile à relever, explique Pierre. Le moindre à-coup de la météo ralentit la croissance et le parasitisme était contraignant à gérer. La mise en place manuelle de filets électriques est indispensable pour contenir les jeunes animaux alors que trois fils posés avec le quad suffisent pour les adultes. »
Engraissement avec des pulpes de betteraves
Le dernier lot est en cours de finition. Les prochains agneaux nés en février seront engraissés dans la bergerie avec du foin (200 g de matière sèche), des pulpes de betteraves (170 g), du tourteau de soja (190 g) et de l’orge (490 g) distribués en ration mélangée. La ration a été élaborée avec le technicien de la coopérative Terrena qui achète les agneaux. La conduite sur les couverts et les prairies sera toujours privilégiée, mais seulement pour les brebis. Elles entreront systématiquement dans le bâtiment trois semaines avant la mise bas avant de repartir sur les prairies après le sevrage (70 jours).
« Nous avons prévu de récupérer une partie des pulpes des betteraves que nous livrons à la sucrerie », déclare Pierre. L’achat de tourteau sera nécessaire pour équilibrer le régime. L’autonomie de l’exploitation diminuera donc, mais les époux tablent sur la vente de 1 000 agneaux par an grâce à la réduction du taux de mortalité.
Ils visent aussi une durée d’engraissement réduite à trois mois et demi (de quatre à dix mois aujourd’hui). L’accélération du rythme de reproduction (trois agnelages en deux ans) pour les brebis en état est également prévue pour doper les ventes. « L’investissement dans le bâtiment équipé de panneaux photovoltaïques est aussi un moyen de préparer notre retraite », assurent-ils.