certains faux semis n’ont pas pu été réalisés en raison de la sécheresse. Or, pour les agriculteurs qui avaient prévu d’implanter de l’orge d’hiver (OH) après leur blé, cela peut être problématique. D’une part, il n’est pas possible de traiter contre les repousses de blé dans l’orge et, d’autre part, leur présence déclasse l’orge brassicole en orge fourragère. Pour l’éviter, il est possible d’opter pour de l’orge de printemps semée à l’automne (OPsA), donc plus tard que le blé.

Les rendements des OPsA sont supérieurs de 15 à 20 % à ceux des OP implantées au printemps. Ils se rapprochent de ceux des OH, et la composante nombre d’épis par mètre carré est stable. La maturité étant atteinte précocement, les stress hydrique et thermique de fin de cycle sont évités.

Rendement majoré en zone restreinte

Bien que payante sur les sols à faible réserve hydrique, « cette pratique ne peut s’étendre à la France entière. La zone de prédilection reste la Champagne berrichonne, avec une extension vers le nord de la région Centre, voire la Bourgogne sur plateau argilo-calcaire, mais avec des risques de gel plus forts », alerte Édouard Baranger, ingénieur Arvalis.

Afin de limiter l’exposition au risque de gel, l’institut préconise de semer à partir du 1er novembre. Cependant, en cas d’hiver doux, l’OPsA peut atteindre le stade épi 1 cm en février, et voir son épi geler.

Les densités de semis avoisinent  350 à 380 grains/m2 en bonnes conditions d’implantation et 390 à 420 grains/m2 si la préparation est moins bonne, ou lorsque le sol est caillouteux. Semer trop tardivement, c’est risquer des conditions d’implantation plus difficiles, or les OPsA y sont sensibles. Les densités devront alors être augmentées.

« Implanter une OPsA revient à décaler la date de semis d’une céréale d’hiver ou à faire l’impasse sur la capacité nettoyante de cette orge semée au printemps, souligne Arvalis (1). Les produits racinaires d’automne sont autorisés au sens de l’homologation, mais un doute persiste à la lecture de la liste des produits recommandés par la filière brassicole. » Il faudrait donc privilégier le plus possible les parcelles propres.

Pucerons et mosaïque sont à surveiller. Cette dernière disposant de plus de temps pour se développer dans les racines, elle risque ensuite d’infecter les parties aériennes.

En sortie hiver, « il est nécessaire d’intervenir dès les premiers signes de rhynchosporiose, même avant le stade 1 nœud en cas de forte pression », prévient Arvalis. C’est également le moment d’estimer le risque de verse et d’appliquer, au besoin, un régulateur. Les hivers doux sont favorables au tallage et peuvent conduire à un peuplement épis très dense.

Comme pour l’orge d’hiver, la fertilisation azotée sera fractionnée en deux apports à partir de la sortie hiver. Un apport supplémentaire, pour maintenir une teneur en protéines compatible avec le débouché brassicole, pourra être envisagé.

(1) Guide Choisir et décider - Préconisations régionales campagne 2018-2019. Orge d’hiver, Arvalis- Institut du végétal.