Que ce soit pour les céréales ou les oléagineux, les cours ont repris un peu de couleur cette semaine. En dehors de la demande chinoise qui soutient le soja, ce sont surtout des éléments météo qui expliquent cette hausse.
Le marché rivé sur la météo
Du côté des céréales, plusieurs points d’inquiétudes se sont confirmés cette semaine : il fait sec dans les plaines centrales et le nord des USA, là où sont cultivés les blés de printemps à haute teneur en protéine. Dans le Midwest, les températures s’annoncent très élevées pour le weekend et seront accompagnées de vents forts. Cela suscite des inquiétudes pour le développement des maïs nouvellement semés. Toujours en Amérique, il fait maintenant assez sec au Saskatchewan et dans le Manitoba, deux grandes régions productrices de blé de printemps du Canada.
De l’autre côté de l’Atlantique, on commence à noter des poches de sécheresse dans le centre et l’est de l’Ukraine. Rien de dramatique actuellement mais une situation à surveiller surtout en ce qui concerne l’impact pour le développement du maïs. Enfin, deux autres alertes : l’une en Chine où les surfaces de maïs ont été revues en baisse à cause d’un manque de pluies et en Argentine où, au contraire, l’excès de pluies semble handicaper les semis de blé.
Le prix du blé monte…
Nous sommes en plein « weather market » avec des conditions qui ont donc conduit à un renchérissement de plus de 10 $/t des blés US et de 5 $/t environ des blés de la mer Noire. Les blés français ont suivi, gagnant entre 1 et 3 €/t selon les places, pour se situer maintenant à 162 €/t en nouvelle récolte (+3,25 €/t). Sur Euronext, l’échéance de septembre 2017 a gagné 3,5 €/t, à 170,25 €/t. L’impact des inquiétudes climatiques a été renforcé par le fait que beaucoup d’investisseurs détenant des positions « courtes » ont réalisé des achats pour couvrir une partie de ces positions.
… le maïs aussi
Le maïs s’est donc renchéri aussi sur le marché mondial (+3 $/t pour les prix US) et cela a tiré aussi les prix français sur la façade atlantique qui se situent maintenant à 161 €/t Fob Atlantique et 169 €/t Fob Rhin. La hausse récente des prix a suscité une vague de vente de la part des producteurs américains et cela, en fin de semaine, est venue tout de même apporter un bémol à la hausse des jours précédents. Les orges, quant à elles, après la montée de la semaine dernière en brasserie, sont stables cette semaine.
Le Qatar soutenu par la Turquie
Sur le plan international, il a beaucoup été question du Qatar cette semaine mis au ban par l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, l’Égypte, la Libye, le Yémen et les Émirats arabes. Ces pays accusent le Qatar de soutenir l’Iran d’une part et l’extrémisme islamiste par ailleurs. Pas de grosses conséquences en ce qui concerne les échanges pour l’instant mais la Turquie a fait savoir qu’elle était prête, elle, à apporter un soutien au Qatar pour les approvisionnements en nourriture.
L’Algérie toujours présente, l’Égypte sème le trouble
En ce qui concerne les principales affaires passées cette semaine sur le marché mondial, il est intéressant de noter l’achat de l’Algérie pour 450 000 tonnes de blé à livrer en août. Etant donné l’assèchement des stocks allemands et polonais, il est probable que cette affaire profite largement au blé français.
L’Égypte, quant à elle, n’a rien acheté mais relance son exigence d’un taux zéro pour l’ergot, ce qui crée de nouveau l’inquiétude des opérateurs. Par ailleurs, le fait que ce pays a relevé, il y a quelques semaines, ses exigences protéiques risque fort d’exclure les blés français des ventes vers cette destination pour la prochaine campagne (si l’exigence est maintenue).
Les retards de semis au Canada soutiennent les cours du colza
Cette semaine a été marquée par une remontée des cours du colza français, après une phase, depuis la mi-mai, pendant laquelle ils avaient pâti d’une hausse de l’euro face au dollar. Ainsi sur Euronext, le colza a regagné 8,25 €/t sur le rapproché (échéance d’août), à 361 €/t (en dollar, le gain est d’environ 10 $/t). Sur le marché physique, les prix du colza gagnent 6 €/t en rendu Rouen et 4 €/t en Fob Moselle. Les possibilités d’importations sont en effet remises en cause par la météorologie canadienne défavorable, soutenant les cours européens.
En effet, au Canada, le prix du canola à Winnipeg a fortement remonté cette semaine (+14 $/t). Les conditions aux champs restent trop humides et les semis comme la croissance des plants sont en retard par rapport à l’an dernier. Par exemple, au Saskatchewan, ce sont environ 5 % des surfaces qui ne seront pas emblavées (par rapport aux intentions). À la fin de mai, les semis de canola étaient effectués à 76 % dans cette région (94 % l’an dernier). Logiquement, l’émergence et le développement des plants sont aussi en retard, ce qui accroît le risque de récolte tardive et d’exposition au gel (qui arrive à la fin de septembre dans cette partie du Canada).
A contrario de ce mouvement, le prix de la graine de tournesol perd 5 €/t cette semaine à Saint-Nazaire, alors que les exportations d’huile de la mer Noire restent importantes.
Soja : inquiétudes sur la météo et demande chinoise font remonter les cours
À Chicago, les cours du soja ont pris le contre-pied des dernières semaines, et sont repartis à la hausse. Ils gagnent ainsi environ 9,5 $/t sur l’échéance la plus proche (juillet). L’ampleur des disponibilités en Amérique du Sud est maintenant bien intégrée dans les prix (même si l’office brésilien Conab a de nouveau légèrement revu en hausse son estimation), et le marché est maintenant sous l’influence de plusieurs facteurs haussiers : la forte demande chinoise en mai (importations records à 9,6 millions de tonnes) et de possibles vagues de chaleur/sécheresse dans les prochaines semaines. Une bonne demande en huile (biodiesel et exportations US) soutient aussi les cours. Il est à noter que les semis US progressent, avec 83 % des champs semés au 4 juin (même si l’émergence des plants est très légèrement en retard). Les conditions climatiques restent ainsi à surveiller de près.
Les prix des tourteaux soutenus
Les prix des tourteaux ont remonté dans le sillage des graines de soja. À Montoir, les tourteaux de soja gagnent 6 €/t à 319 €/t sur le rapproché. Sur le marché à terme de Chicago, les cours remontent de 9,5 $/t par rapport à la semaine dernière, à 337 $/t. Les prix de la protéine suivent donc à la hausse ceux de la graine de soja.
Le prix du pois fourrager départ Marne perd 3 $/t à 208 €/t. Le pois jaune recule à près de 237 €/t (245 €/t rendu Rouen la semaine dernière).
À SUIVRE : situation hydrique en Amérique du Nord, en Ukraine et en Chine, à la suite du différend entre l’Arabie et le Qatar, cahier des charges de l’Algérie, déroulement des levées de soja et canola en Amérique du Nord, météorologie estivale, demande chinoise en soja.