C’est une orientation haussière qui a dominé cette semaine sur le marché mondial du blé. Le blé américain SRW (qualité meunière basse) a regagné plus de 10 $/t par rapport au niveau le plus bas atteint il y a 8 jours sous l’impact des variations de change – affaissement du dollar poussant vers le haut les prix US exprimés en dollars –, des couvertures de positions vendeuses de la part de fonds financiers et surtout des événements climatiques récents. En effet, la vague de froid à l’œuvre dans la zone de la mer Noire inquiète, en Ukraine notamment, où la hauteur de la couverture neigeuse est faible. Aux USA, les dégâts dus aux températures très basses de la fin de décembre ne sont pas encore complètement connus mais l’USDA vient d’abaisser nettement ses notes concernant l’état des cultures. L’est des USA est assez sec par ailleurs.

 

L’ensemble de ces éléments a soutenu le blé mondial cette semaine si bien que les blés français se sont légèrement renchéris. Leur augmentation a toutefois été limitée par la petite remontée de l’euro face au dollar à 1,06 aujourd’hui contre 1,05 vendredi dernier. Ainsi, le blé meunier a-t-il gagné 1,50 €/t à Rouen à 169,5 €/t de même que l’échéance de mai 2017 du Matif (à 172 €/t à la clôture du 6 janvier) tandis que l’échéance de mars gagnait 2 €/t à 170 €/t.

 

Les prix européens ont été soutenus aussi par l’Algérie qui vient d’acheter 475 000 tonnes en origines mixtes. Étant donné le décompte des prix argentins par rapport aux prix européens, il est probable que l’Argentine couvre une partie de cet achat. Il est à noter toutefois dans ce pays que le gros écart qui existait encore la semaine dernière entre les prix fourragers et meuniers s’est estompé, et cela souligne sans doute la bonne qualité des blés de l’Argentine. Dans ce pays, le manque de pluies au sud de Buenos Aires avait inquiété en décembre et c’est maintenant au contraire l’excès d’humidité qui pose un problème au nord de cette région, cet excès risquant d’entraver les semis de maïs. Parallèlement, le climat reste assez sec dans le nord-est du Brésil.

 

En conséquence, tiré par le blé mais aussi par ces inquiétudes climatiques, le prix des maïs sud-américains a augmenté de 4 $/t en une semaine et cela a plutôt soutenu les valeurs nord-américaines et ukrainiennes qui ont suivi de loin (+1 $/t). Comme en blé, la hausse des prix mondiaux se reporte – modérément – sur les prix des mais français (+1,5 €/t Fob Rhin à 170,5 €/t), 0,5 €/t à La Pallice (à 167,5 €/t) ou à Bordeaux (162,5 €/t).

 

En orge, excepté un affaissement en Moselle, les prix suivent la tendance générale cette semaine et gagnent 1,5 €/t en qualité fourragère (141,5 €/t à Rouen), 1 €/t en qualité brassicole de printemps (à 194 €/t) et 2 €/t (à 164 €/t) en qualité brassicole d’hiver.

Oléagineux : le climat sud-américain, facteur clef cette semaine

Les bonnes perspectives de récoltes et l’afflux imminent des premiers chargements de soja sud-américain sur le marché mondial ont fait pression sur les cours à Chicago au début de la semaine. La fève s’est toutefois revalorisée un peu sur la Bourse US au milieu de la semaine pour retrouver un niveau similaire à celui de la semaine dernière (à 369 $/t). Ce rebond s’explique notamment par les préoccupations persistantes concernant la récolte argentine. Rappelons que la vague de sécheresse dans le sud-est de Buenos Aires a fortement entravé les semis, certaines surfaces n’ayant pas pu être emblavées. En outre, des excès de précipitations plus au nord maintenant, affectant plusieurs zones de production, retardent actuellement la progression des semoirs. Étant donné le retard accumulé, la Bourse de Buenos Aires a revu à la baisse ses prévisions d’emblavement, à 19,3 millions d’hectares. Le gouvernement a par ailleurs annoncé qu’il maintenait sa taxe à l’exportation à 30 % jusqu’en janvier 2018 pour des raisons budgétaires. Cette semaine, les opérateurs auront également concentré leur attention sur le déficit hydrique affectant le nord-est du Brésil, autre facteur limitant la baisse des prix. La production brésilienne reste toutefois prometteuse au vu des dernières statistiques.

 

Concernant le colza, les cours ont été tirés à la hausse par le baril de pétrole. La graine gagne 5 €/t cette semaine pour le Fob Moselle (à 420 €/t) tandis que son cours progresse de 7 €/t rendu Rouen (à 412 €/t). La montée des prix est encore plus accentuée sur Euronext dans la mesure où les contrats arrivant à échéance en février gagnent 9,25 €/t sur une semaine (à 418 €/t). La progression est en revanche bien plus discrète au Canada où le canola s’échange à 374,2 $/t, soit une hausse d’à peine 3 $/t.

 

L’abondance de l’offre en tournesol, particulièrement en mer Noire, continue de peser sur les cours. Les prix français affichent une baisse de 5 €/t sur une semaine à Saint-Nazaire (380 €/t). Signalons par ailleurs la très forte dynamique des exportations d’huile en début de campagne depuis l’Ukraine et la Russie. Ces deux pays affichent respectivement des ventes en progression de 31 % et 60 % par rapport à 2015-16 sur une période équivalente. Ces flux exceptionnels témoignent également d’une trituration particulièrement vigoureuse. Peu d’éléments nouveaux cette semaine du côté du tournesol argentin : 8,5 % des surfaces semées ont été récoltées à cette date pour un rendement moyen estimé à 1,93 t/ha.

Tourteaux : repli du prix du tourteau de soja UE

Comme pour la fève, les cours du tourteau de soja sont presque inchangés sur la place américaine (à 347 $/t). En revanche, les cotations perdent 11 €/t à Montoir (à 355 €/t) du fait d’un ralentissement des importations UE. La France a intensifié sa campagne d’abattage de volaille afin d’enrayer l’épidémie de grippe aviaire. Pas de changement à signaler concernant le pois qui s’échange à 220 €/t départ Marne.

 

À SUIVRE : taux de change euro/dollar, dégâts hivernaux, compétitivité des blés argentins, retour des blés russes sur le marché mondial, conditions climatiques en Amérique du Sud, récolte argentine en tournesol, prix du pétrole.