Les levées de boucliers sont nombreuses depuis que la Commission européenne a ouvert la voie aux NGT (nouvelles techniques génomiques) en juillet dernier. Un air de déjà-vu, qui fait écho à un vieux débat régulièrement remis sur le devant de la scène : celui des OGM.
Expliquer en quoi le progrès génétique est indispensable au monde agricole
« On nous martèle à longueur de temps que tout était mieux avant. Pourquoi aurions-nous besoin de progrès génétique ? Il existe un déficit évident de connaissance de la part du grand public sur son intérêt », constate Gil Rivière-Wekstein, spécialiste des questions agricoles et environnementales, qui participait à la table-ronde organisée par la Confédération générale des planteurs de betteraves le 5 septembre 2023 à la Foire de Châlons-en-Champagne (Marne).
Selon lui, il faut expliquer à la société pourquoi le progrès génétique est indispensable au monde agricole, afin d’apaiser les tensions et ainsi estomper les malentendus autour de ces NGT. « Tant que ce problème de fond n’est pas réglé, les nouvelles techniques génomiques feront l’objet d’une vive opposition », analyse-t-il. Une vision que partage Anne Sander, députée européenne et membre de la commission agricole du Parlement européen. « Il est primordial de recréer du lien entre le monde agricole et la société, mais également avec le monde scientifique pour redonner confiance en sa parole. »
Le temps long de la recherche
La route semble encore longue avant que ces nouvelles techniques puissent être utilisées.
Si la parlementaire considère que le projet présenté par la Commission européenne est « un outil supplémentaire pour répondre aux objectifs du Green Deal », Gil Rivière-Wekstein met en garde contre un texte dont « l’application serait une vraie usine à gaz absolument absurde ». Les débats à l’échelle européenne pourraient prendre des mois et si un feu vert était finalement obtenu, la patience serait encore de mise.
« Les NGT n’arriveront pas du jour au lendemain », prévient Bruno Dequiedt, directeur général du semencier SESVanderHave. Si en plus de dix ans nous avons réduit entre 30 et 50 % le délai pour sortir une nouvelle variété grâce aux outils de sélection, la recherche prend plusieurs années. Pour continuer à être productifs à court terme, l’agronomie et la chimie continueront d’être nos alliés. »