Des surfaces de céréales à perte de vue et de moins en moins de chauffeurs qualifiés pour les récolter : l’équation devient compliquée pour les cultivateurs russes. Dans la partie orientale du pays, il devient quasi impossible de trouver des volontaires pour prendre place au volant de l’une des 100 000 moissonneuses-batteuses en activité dans le pays.
Avec ses 603 000 hectares, la holding agricole EkoNiva est particulièrement touchée. Elle a donc décidé à nouer un partenariat avec le spécialiste russe des véhicules autonomes Cognitive Pilot pour robotiser rapidement une partie de la flotte russe. Le projet est prévu pour 35 régions du pays et doit être fonctionnel dans dix zones climatiques.
Pas de RTK pour le guidage
Cognitive Pilot est spécialisée dans l’automatisation des transports en commun et des véhicules militaires. Pour cette application agricole, ses ingénieurs se sont basés sur l’intelligence artificielle. Exit donc le guidage par satellite. Cognitive Pilot utilise une caméra unique à l’avant de la machine.
Un réseau de neurones électroniques pilotés par une intelligence artificielle analyse l’environnement de la machine et calcule le bon trajet. Contrairement aux dispositifs concurrents qui commencent à apparaître sur le marché, le dispositif n’emploie ni scanners, ni un bataillon de capteurs, ce qui permet de maintenir son prix en dessous de 10 000 euros.
603 000 hectares pour acquérir des références
Afin d’être performante, l’intelligence artificielle doit apprendre. C’est là qu’EkoNiva entre en jeu. Pendant plusieurs campagnes, les ingénieurs de Cognitive Pilot ont filmé le travail des moissonneuses-batteuses de la holding sur les 603 000 hectares de l’exploitation. Ces millions d’heures de vidéo ont pu être décortiquées et utilisées pour faire progresser les algorithmes de l’intelligence artificielle.
D’ici à 2023, 10 000 moissonneuses-batteuses russes auront été converties. Le système s’installe sur toutes les marques et ne fonctionne qu’à l’intérieur de la parcelle. Il reste un frein à lever : la législation russe interdit pour le moment de faire fonctionner un matériel en totale autonomie. Les agriculteurs devront donc installer un salarié sur le siège mais celui-ci n’aura pas à être un chauffeur performant.