Marc Fesneau était en levée de rideau de la conférence du journal L’Opinion baptisée « Nourrir la planète » ce mardi. Autour de plusieurs acteurs du monde agricole, la question du choix entre durabilité et souveraineté a été posée. Et pour y répondre, le ministre s’est voulu clair : il n’est pas question de choisir. « Il n’y a pas de souveraineté sans durabilité. Elle doit donc résister aux dérèglements climatiques ou aux chocs géopolitiques », a-t-il appuyé. Avec ce thème de la souveraineté, très présent dans le débat public depuis la pandémie de Covid en passant par l’invasion russe en Ukraine, Marc Fesneau a aussi voulu repréciser : « Souveraineté n’est pas autarcie. La situation alimentaire de nos voisins nous concerne et il faut assumer les interdépendances. »
Les oreilles de l’Europe ont sifflé
Avant de clôturer son intervention, Marc Fesneau a tenu à rappeler le rôle essentiel de l’Europe et de la Commission européenne en particulier sur la question de la souveraineté. Un rôle pas complètement assumé selon le ministre. « L’Union européenne et la Commission doivent penser l’agriculture comme un élément clé de la souveraineté et ce n’est pas le cas. C’est toujours une variable d’ajustement », a-t-il regretté, en citant les négociations des accords commerciaux notamment.
Sur ce même thème, Marc Fesneau a réitéré sa volonté de voir l’agriculture européenne garder sa puissance. « Si vous n’êtes pas capable de nourrir vos populations et de peser géopolitiquement par l’agriculture, vous êtes mort », a-t-il averti. Selon lui, le fonctionnement même de la Commission est problématique sur la question. « On travaille trop “en silos” à la Commission. La question agricole ne doit pas être réservée au commissariat à l’Agriculture. Ça concerne aussi celui de l’Environnement et du Commerce par exemple », a-t-il clamé.
Un modèle à faire évoluer
La durabilité étant au cœur des discussions européennes actuelles, notamment sur le Green Deal, Marc Fesneau a également tenu à rappeler que l’agriculture doit et devra s’adapter. « Penser que les assolements ne vont pas évoluer à cause du climat serait une erreur », a-t-il prévenu. Mais pour y parvenir, le ministre a rappelé que la science et les technologies devaient être la réponse. « On peut faire confiance à la science pour trouver des solutions. L’agriculture ne peut pas être le secteur de notre pays qui n’a pas le droit aux progrès technologiques », a-t-il ajouté.