Installé en 2012 avec son épouse sur l’exploitation familiale de 280 ha à Ormoy-la-Rivière, dans l’Essonne, Matthieu Imbault se souvient de l’année difficile vécue dès 2016 : « Nos rendements ont été catastrophiques. Nous devions trouver un moyen de nous diversifier, tout en apportant de la régularité dans nos revenus. Nous avons creusé la piste de la méthanisation qui offrait un chiffre d’affaires garanti pendant quinze ans grâce à un tarif de rachat du biométhane fixé à l’avance. » Les travaux ont commencé en février 2019.

Au début de 2020, la première unité en injection de l’Essonne était mise en service (trois en 2025). La même année, Matthieu Imbault crée, avec quatre collègues, l’association « Énergies vertes franciliennes » pour favoriser les achats groupés et les échanges techniques entre agriculteurs méthaniseurs, notamment sur la production de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) et l’épandage de digestat.

Baisse des tarifs d’achat

Matthieu Imbault a témoigné devant une centaine de personnes lors des troisièmes rencontres de la méthanisation organisées par Prométha (1) le 20 mars 2025 à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne). Comme lui, de nombreux agriculteurs se sont lancés dans un projet entre 2020 et 2023. « Cet essor était notamment lié aux financements de la Région et de l’Ademe, et aux tarifs de rachat du biométhane d’avant novembre 2020, explique Melisa Amara, chargée de projet de l'énergie à l’Agence régionale énergie-climat. Lorsque le contrat de rachat est signé, les porteurs de projet ont en effet trois ans pour mettre en service l’unité. »

Mais depuis la baisse des tarifs en novembre 2020, la dynamique des projets ralentit. Néanmoins, « de nouveaux mécanismes de rémunération se mettent actuellement en place tels que les garanties d’origine (certificat de production d’électricité verte) ou les « biomethane purchase agreements » (BPA, contrat de gré à gré entre un producteur de biométhane et un client), souligne Melisa Amara. Ils pourraient renforcer la compétitivité de la méthanisation et donner une nouvelle impulsion aux projets. »

(1) Composée de l’Agence régionale énergie-climat, la Région, la préfecture, l’Essonne, la Seine-et-Marne, le Val-d’Oise, les Yvelines, l’Ademe, GRDF, NaTran (ex-GRTGaz) et la chambre d’agriculture. Créée en 2019 pour promouvoir la méthanisation francilienne.