Les chambres d’agriculture de la Normandie et le Sileban (1) testent depuis 2023 l’apport de plaquettes de bois, de 30 à 35 mm de longueur maximale, sur grandes cultures et cultures maraîchères. Dans le cadre du projet Valobois, l’enjeu est autant d’améliorer les fertilités du sol par l’apport de carbone stable que de diversifier la valorisation du bois des haies. La première année d’essais confirme les carences en azote du fait de sa mobilisation par les micro-organismes pour la dégradation du bois, riche en carbone. Mais cette faim d’azote apparaît compensable.
Apportées avec un épandeur à fumier
Pour l’essai réalisé sur maïs conduit en sol limoneux (60 à 70 %), les plaquettes ont été apportées avec un épandeur à fumier sur un couvert d'« avoine-vesce » en novembre 2022. Quatre modalités ont été distinguées : 50 et 100 t/ha en vert, 35 et 70 t/ha en sec. Symptômes de la faim d’azote, des senescences sur les premières feuilles ont été observées.
« La perte de rendement en maïs ensilage la première année a été au maximum de 10 % », relativise Jean-Philippe Chenault. Le référent en sol et fertilisation de la chambre d’agriculture de la Normandie souligne que l’année 2023 a été plutôt favorable aux maïs et a pu atténuer les pertes. Il affirme que « cet impact aurait pu être limité en apportant du lisier, avec un couvert incluant plus de légumineuses ou en réduisant la quantité de plaquettes à 20-30 t/ha. »
Des résultats rapides
Quant au côté positif, les tests d’infiltration montrent des résultats positifs dès la première année : le temps d’infiltration de 25 mm d’eau a été réduit d’au moins 60 %. En 2024, le suivi se poursuit sur la même parcelle en culture de blé sans nouvel apport de bois. Des analyses chimiques, physiques et biologiques viendront compléter les observations réalisées sur les deux campagnes.
« Dans un contexte général de baisse de la matière organique des sols, le bois apporte une part importante de carbone stable, indique Jean-Philippe Chenault. Il donne des résultats rapides là où il faudrait des années de couverts. » Le conseiller ajoute que la finesse du broyage conditionnera le temps de dégradation. En outre, le bois apporte du calcium et des éléments à charge positive. Il n’a donc pas d’effet acidifiant.
(1) Société d’investissement légumière et maraîchère de Basse-Normandie, station d’expérimentation et de développement des cultures légumières.