L’oïdium est la maladie la plus fréquente en lin fibre. « Plus il est présent tôt, plus l’impact sur le rendement sera important, surtout si le mycélium est fortement développé sur les feuilles, constate Yann Flodrops, animateur de la filière lin fibre chez Arvalis. Les pertes de rendement atteignent jusqu’à 800 kg/ha de fibres longues. Une dégradation de la qualité peut être observée, notamment pour la résistance des fibres. »
Plusieurs stratégies contre l’oïdium
Heureusement, des solutions existent pour lutter contre la maladie. Dans ses essais, Arvalis souligne l’intérêt de deux applications de Joao (prothioconazole) aux stades 30-40 cm, puis pré-floraison, d’un traitement à base de Nissodium (cyflufénamide) au stade 30-40 cm, puis de Joao à la pré-floraison, ou encore d’une application de Nissodium + Joao à 50-60 cm. L’institut technique note un avantage à cette dernière au stade 50-60 cm lorsque la maladie est arrivée tôt et qu’aucun traitement n’a été réalisé.
En présence de septoriose, Arvalis conseille d’utiliser Score (difénoconazole). Dans ses essais biocontrôle, le soufre donne des résultats encourageants contre l’oïdium, avec cependant un effet sur la germination des graines qui reste à vérifier. Héliosoufre S (BL1702) est en cours d’homologation sur lin textile.
Il est à noter qu’avec une variété tolérante comme Bolchoï, la maladie se développe plus tard, sans qu’il ne soit possible toutefois de s’affranchir d’une protection fongicide. « Par rapport à une variété sensible mais plus riche en fibres comme Evea, par exemple, la rentabilité économique ne penche pas forcément en faveur de la variété tolérante », souligne Yann Flodrops, qui espère que la recherche pourra proposer rapidement des variétés tolérantes à l’oïdium et riches en fibres.
La verticilliose du lin, provoquée par le champignon du sol Verticillium dahliae, est, quant à elle, de plus en plus fréquente depuis une dizaine d’années. « Les tiges infestées prennent une coloration bleue métallique qui est associée à une diminution de la résistance des fibres, précise-t-il. Les dégâts vont parfois jusqu’à 60 % de pertes de rendement en fibres. Aucune solution efficace n’a été trouvée pour la combattre. Ni lutte chimique, ni variété résistante. » Le champignon peut survivre quatorze ans dans le sol sous forme de micro-sclérotes. L’allongement des rotations est difficile à exploiter, car de nombreuses cultures lui servent de plantes hôtes.
Blandine Cailliez