C’est une « troisième vague » qui s’abat, rappelait le Ciirpo, dans une lettre technique diffusée le 20 octobre 2023. Après 2008 et 2015, la fièvre catarrhale ovine (FCO) fait un retour marqué depuis le début d'août 2023 en France et se propage depuis le sud du Massif central. Il s’agit cette fois d’un nouveau variant du sérotype 8, ne présentant « aucun lien génétique avec le virus historique », rapporte Boris Boubet, vétérinaire et directeur du GDS de la Creuse.
En revanche, le mode de diffusion reste le même. Le virus est transmis par des insectes piqueurs du genre Culicoïde. « Les femelles piquent tous les trois ou quatre jours. C’est lors de ce “repas de sang” que se fait la contamination. » La dispersion de ces insectes dépend des conditions météo. Leur activité est maximale lorsque les températures dépassent 13°C. Les Culicoïdes peuvent ainsi parcourir de 2 à 5 kilomètres par jour, voire « beaucoup plus par grand vent. »
Observer les animaux…
Les premiers signes cliniques apparaissent chez les ruminants après une semaine d’incubation. Forte fièvre, difficultés de locomotion, ulcérations dans la bouche, croûte sur le mufle, jetage, langue bleue (ovins) ou encore lésions sur les trayons… « De nombreux animaux peuvent être malades : jusqu’à un tiers du troupeau en ovin et 10 % en bovin, précise Boris Boubet. Avec ce nouveau variant, on observe une progression de la mortalité chez les adultes de l’ordre de 46 % chez les bovins et 57 % chez les ovins. Les caprins semblent moins sensibles. »
La FCO est une maladie à déclaration obligatoire. Toute suspicion doit être signalée au vétérinaire sanitaire. L’observation quotidienne des animaux est donc indispensable. En cas de contamination, des traitements adaptés doivent être rapidement mis en œuvre. « Des anti-inflammatoires, notamment des antipyrétiques, sont utilisés pour calmer la fièvre, rapporte le spécialiste. La réhydratation, par voie orale ou injectable est aussi très importante, car les lésions buccales empêchent souvent les animaux de s’abreuver. Enfin, des antibiotiques peuvent être prescrits pour éviter une surinfection des muqueuses. »
… et les vacciner
La vaccination contre la FCO sérotype 8 reste la meilleure alliée pour protéger les animaux. « À ce stade, il n’y a pas de raisons de penser que le vaccin existant n’est pas efficace contre le nouveau variant », estime Boris Boubet. Cette stratégie permet de protéger le troupeau pendant un an. Une injection suffit pour les ovins, deux sont nécessaires pour les bovins.
Le coût n’est pas pris en charge par l’État. Les animaux reproducteurs sont à vacciner en priorité. « Le sérotype 8 a la capacité de passer la barrière du placenta, explique le directeur du GDS de la Creuse. Cela peut engendrer chez l’animal à naître des malformations et des atteintes au système nerveux central. » Chez les ovins, le virus peut en outre entraîner une stérilité des béliers.
L’application d’un insecticide sur les animaux présente une efficacité limitée. « La protection ne dure que 7 à 10 jours. En revanche, la désinsectisation du matériel de transport est utile pour ne pas disséminer la maladie. »
(1) Centre interrégional d’information et de recherche en production ovine.