Le plan loup 2024-2029 présenté ce lundi 18 septembre 2023 par la préfète coordonnatrice au Groupe national loup à Lyon est une déception pour les syndicats agricoles. « Ce plan ne fait que prolonger les modalités de gestion applicables depuis 2004. Cette gestion conduit à la fin du pastoralisme et attente à la santé des éleveurs et de leur famille », estiment la FNSEA, JA, la FNO, la FNB, la FNPL, la FNC, la Fnec et Chambres d’agriculture France dans un communiqué de presse commun publié ce 18 septembre à la sortie de la réunion.
Supprimer le plafond de destruction
Après l’ajustement de l’évaluation de la population des loups à 1 104 individus, la profession agricole s’attendait à une meilleure prise en compte de son désarroi face au prédateur. Pour l’organisation syndicale majoritaire, compte tenu de cet effectif, il est nécessaire de « simplifier les tirs de défense et leur mise en œuvre et de supprimer le plafond de destruction de 19 % ». Selon elle, les éleveurs et les chasseurs formés devraient disposer d’armes équipées de lunettes à visée nocturne.
Les quatre axes du nouveau plan loup (14/09/2023)
Jeudi 14 septembre, les ministères, lors de la présentation des grandes lignes du plan à la presse, avaient déjà annoncé que la gradation des tirs resterait identique. « Aucune avancée n’est perceptible sur l’évolution du statut du chien de protection pour dégager la responsabilité de l’éleveur en cas d’incident », dénoncent la FNSEA, JA, la FNO, la FNB, la FNPL, la FNC, la Fnec et Chambres d’agriculture France.
Seule l’évolution de la méthode du comptage semble « ouverte mais pas acquise », note l’organisation syndicale, qui estime que le gouvernement français doit rebondir sur les propos de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, et demander dès cette année une révision du statut du loup dans la directive Habitats et dans la convention de Berne.
Toujours pas d’anticipation
La Confédération paysanne affiche une grande déception également. « Le gouvernement a de nouveau refusé l’anticipation de la protection des troupeaux à l’échelle nationale, au motif que c’est trop cher. » Selon elle, « les tirs ne peuvent pas être la seule solution. L’anticipation de la protection doit aller de pair avec le recrutement de louvetiers. »
500 000 € pour la recherche
La promesse du programme de recherche apparaît toutefois comme un progrès. « Il aura fallu 30 ans pour qu’un budget de 500 000 euros par an y soit alloué », rapporte la Confédération paysanne. Selon elle, les aménagements sont à la marge. Parmi eux : la promesse d’un groupe de travail en vue d’étudier les conséquences d’un éventuel changement de statut du loup au niveau européen ; le retrait de l’obligation d’éclairage pour les louvetiers avant les tirs ; la possibilité pour les éleveurs et éleveuses de s’équiper d’une caméra thermique pour réaliser les tirs de défense. Un droit jusque-là réservé aux louvetiers, accessible à condition d’en avoir les moyens.
L’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), ainsi que toutes les associations de protection de la nature ont, quant à elles, exprimé leur mécontentement ce matin en quittant la réunion au prétexte que « toutes les propositions émanant des associations protectrices de la nature ont été balayées d’un revers de la main par le gouvernement ». Seule ouverture selon elles, l’expérimentation et la recherche prévues.
« Le volet financier de cette nouvelle mouture nous inquiète »
La Coordination rurale est plus mitigée. « Ce plan paraît moins figé que les précédents, juge Christian Provent, référent pour le syndicat. Il se dit évolutif en fonction de la pression de la prédation, ce qui est plutôt positif. Tout comme le comptage qui devrait prendre en compte les données de nos voisins. Pour les attaques sur les bovins et les équins, en revanche, rien n’est vraiment prévu alors que les constats sont de plus en plus nombreux. Le volet financier de cette nouvelle mouture nous inquiète également. Plus généralement, maintenant que Canis lupus n’est plus en danger, la survie de l’élevage et du pastoralisme doit être la priorité. »