« Notre boussole pour le prochain plan loup sera la science », ont annoncé conjointement les conseillers de Marc Fesneau et Christophe Béchu, en amont de la présentation officielle du plan loup prévue le 18 septembre 2023. Les effectifs de Canis lupus se portent bien. « Pour autant, l’espèce n’est pas encore sortie de la zone rouge en termes de menace, a précisé la représentante du ministère de la Transition écologique. Il faut qu’il y ait suffisamment de diversité génétique pour éviter le phénomène de consanguinité. »

« Lâcher du lest »

Les conseillers des ministres reconnaissent cependant « une dynamique extrêmement favorable de l’espèce ». Le plan national loup va « lâcher un peu de lest sur certains protocoles, sur la capacité à mieux prélever des loups quand les éleveurs sont prédatés », a déclaré le conseiller en ressources, biodiversité, forêt et bois du cabinet du ministre de l’Agriculture.

Mieux compter

La première ambition de ce nouveau plan national loup est l’amélioration du comptage. Une nouvelle méthode sera définie. Elle sera plus simple. Les différentes options sont encore à l’étude. L’Office français de la biodiversité (OFB) aura un an pour proposer une nouvelle méthode au Groupe national loup. L’État souhaite un « mode de calcul robuste, et plus consensuel pour recréer de la confiance ».

Simplification des autorisations de tirs

En matière de gestion du prédateur, ce nouveau plan national loup se veut plus « élastique ». « La gradation des tirs est conservée, a déclaré les conseiller du ministère de l’Agriculture. En revanche, la simplification et l’accélération des délivrances d’autorisations de tir sont prévues. »

Le changement de statut du loup sera envisageable. Du moins, la Commission européenne pourra en faire la proposition à la convention de Berne. Il ne s’agit pas de modifier le cadre de la convention de Berne ou de la directive Habitats, mais de faire bouger le positionnement du loup dans ce cadre. C’est-à-dire de le faire changer d’annexe. De l’annexe (IV) strictement protégée, il passerait dans l’annexe V « protégé ».

« Pour une espèce strictement protégée, nous ne sommes pas sur des quotas de tirs, a rappelé le conseiller du ministre de l’Agriculture, mais sur un plafond. Nous ne tirons que des loups en situation d’attaque. S’il n’y a pas d’attaque, il n’y a pas de tir. » La politique de régulation peut se mettre en place dès lors que l’espèce est classée est dans l’annexe « protégée », quand la population est dans un bon état de conservation. Dans ce cas, ce n’est plus un plafond de prélèvement, mais un quota. Les logiques de tirs sont totalement différentes.

Des taux de prélèvement adaptables

Le plafond des prélèvements peut évoluer, lui aussi. Il a déjà été réévalué au cours du précédent plan passant de 17 à 19 %. Ce sont les résultats scientifiques qui feront foi. Si l’effectif du prédateur baisse, le taux sera également diminué.

La protection est encore un point clé de ce nouveau plan national loup. Il y a de plus en plus de nouvelles zones touchées par les attaques. Les chevaux et les bovins subissent de plus en plus de pression et devraient faire l’objet de tests de nouvelles solutions. Il y a des zones où la non-protégeabilité est reconnue. Dans ce cas, l’accès aux tirs est plus simple.

La volonté des ministères est de mettre à disposition du matériel (lunette à visée nocturne) et des louvetiers formés rapidement dans les départements du front de colonisation. « Plus vite ils seront au bout du champ, moins les attaques seront importantes », espère l’État. Les louvetiers, en revanche, ne changent pas de statut. Ils restent bénévoles.

Des procédures plus simples et plus rapides

Les louvetiers joueront un rôle important d’accompagnement, quatrième axe du plan national loup. « La prédation constitue une grande souffrance pour le monde de l’élevage et le plan national loup accompagnera davantage les éleveurs qui subissent les attaques en mettant en place des procédures plus simples et plus rapides en particulier dans les départements où il y a un front de colonisation », a indiqué le représentant du ministère de l’Agriculture.