Quid du statut de protection du loup ? Le débat fut visiblement agité ce mardi 18 avril dans les locaux du ministère de l’Agriculture, lors d’une table-ronde organisée par l’Association française des journalistes agricoles alors que se négocie le prochain plan loup. Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, semble vouloir ménager éleveurs comme défenseurs du loup.

« On ne reviendra pas sur la convention de Berne », affirme le ministre en réponse à Mélanie Brunet, éleveuse de brebis dans l'Aveyron. « Il est nécessaire de revoir le statut de protection des loups, avait lancé l’agricultrice à l’attention de Marc Fesneau. Quand la France a voté cette loi en 1992, nous n’avions pas de prédateurs sur le territoire français. Aujourd’hui, il y a un millier de loups. »

« C’est un faux débat »

Pour le ministre, « on ne règle pas le problème en revenant sur le statut du prédateur. Par ailleurs, la discussion est hors de portée à l’échelle française puisque c’est une décision européenne. » Timothée Dufour, avocat attaché à la cause des éleveurs, renchérit : « Ce débat est un faux débat. Le changement du statut juridique ne fera pas avancer la question. »

À titre d’exemple, le juriste rappelle que dans le cas du cormoran, oiseau qui a perdu son statut protégé depuis 1997, les règles fonctionnent toujours sur le principe d’interdiction assorti de mesures dérogatoires. Pour l’avocat, « la solution réside dans une simplification des démarches administratives. » Tirs d’effarouchement, tirs de défense simple, tirs de défense renforcée… les règles sont en effet très complexes quant aux méthodes autorisées pour effaroucher le loup.

Une prise de position floue

Pourtant, Marc Fesneau reconnaît qu’« il y a une tendance à être trop conservateurs. Une fois que la population est viable, on a du mal à remettre en question le statut ». À contre-courant de la prise de position du ministre ce mardi 18 avril, la France avait soutenu l’intérêt d’un réexamen du classement du loup dans la directive Habitats aux côtés de l’Autriche en septembre dernier, idée finalement rejetée par le commissaire européen à l’Environnement.