Le commissaire européen à l’Environnement soutient que la législation actuelle fournit aux États membres suffisamment d'instruments et de fonds pour garantir à la fois la protection des grands carnivores et le maintien des pratiques agricoles. Ainsi a-t-il rejeté la demande de l'Autriche, pour un assouplissement du statut du loup.
Cette requête était appuyée par de nombreux autres États, dont la France, le 26 septembre 2022, lors d'un débat à la Commission européenne. Le commissaire à l'Environnement a toutefois reconnu que « le retour du loup et d’autres grands carnivores dans la nature constituent un défi pour le pâturage du bétail ».
Selon lui, les dérogations aux règles de protection strictes suffisent donc à la gestion des populations lupines. Il prévient toutefois : « Ces dérogations ne sont pas une alternative aux investissements et aux efforts nécessaires pour mettre en place un système efficace de coexistence permettant le rétablissement des grands carnivores dans nos écosystèmes. »
+ 230 % d'attaques
En Autriche, la situation s'est beaucoup aggravée ces dernières années. Dans sa note, le ministre autrichien mentionne une augmentation des attaques sur les troupeaux de 230 % entre 2020 et 2021. Il estime que le loup est une menace pour « l’industrie nationale, alpine, agricole et touristique du pays » et précise que cela contraint les éleveurs à rentrer les animaux en bergerie. Il a aussi insisté sur le fait que le statut de protection des loups était régi par une directive européenne vieille de 30 ans.
« Il ne faudrait pas que le remède soit pire que le mal »
La France a elle aussi soutenu l’intérêt de réexaminer la directive Habitats pour donner de la flexibilité à la gestion des prédateurs. « Il ne faudrait pas que le remède soit pire que le mal, a déclaré Marc Fesneau, notre ministre de l’Agriculture. Nous partageons l’objectif de préserver la biodiversité. Mais le sujet qui est posé est celui de la coexistence. Et parfois la coexistence n’est pas possible compte tenu des densités de prédateurs qui sont observés sur les territoires. Cela pèse sur le pastoralisme qui est lourdement impacté et dans certains territoires, il y a un vrai risque y compris en termes de biodiversité et de disparition d’activités qui contribuent à l’ouverture des paysages qui participe à la lutte contre les incendies…. »
Marc Fesneau a aussi défendu l’idée d’une gestion adaptative des espèces : « Là où il faut les protéger », protégeons-les, a-t-il ajouté. Là où le statut paraît satisfaisant essayons de faire évoluer les positions. Au sujet du financement, il a indiqué que « la Pac ne doit pas être le seul élément financier pour soutenir les politiques ».
En attendant la situation s'aggrave aussi en France. Les attaques recensées par la Dreal Auvergne-Rhône-Alpes pour toute la France au 31 juillet 2022, et publiées le 30 septembre 2022, sont en hausse de près de 20 % par rapport à 2021.