« Cette fois, la catastrophe est d’une ampleur considérable », se désole Guillaume. Il y a une semaine, l’exploitant avait pris les prédateurs sur le fait, mais samedi dernier ils sont très certainement revenus en pleine nuit et Guillaume n’a rien entendu.
De lourdes conséquences financières
Près d’une trentaine de brebis et d’agneaux sont morts et les dommages auront de lourdes conséquences financières. « Certains agneaux ont perdu leur mère, et ils auront du mal à s’en tirer, estime Guillaume. Tandis que les brebis dont les petits sont morts risquent les mammites », ajoute-t-il.
« La croissance des agneaux à l’engraissement, pour ceux qui ont survécu sera aussi très affectée. Ils ont subi un stress important alors qu’ils ont passé une bonne partie de la nuit dehors dans le froid. » Les chiens de protection sont blessés également. Ils pourraient être beaucoup moins efficaces à l’avenir.
Des prédateurs qui n’ont pas peur
Pendant ce temps-là, la meute de loups continue de s’intégrer aux activités humaines. Dimanche 22, le lendemain de l’attaque, les chasseurs de la commune ont aperçu un loup lors d’une battue aux sangliers. Il était couché sur un rocher au soleil, et ne craignait pas les chasseurs.
Dans ce secteur du Var, apercevoir les loups est devenu n’est pas un événement. « À Vinon-sur-Verdon, un gros bourg de 4 500 habitants, ils ont poursuivi un chevreuil sur la place devant l’église, raconte Guillaume. Un passant a pris une photo sans les affoler. Que se passerait-il si ces loups croisaient le chemin d’un enfant », interroge Guillaume.
Deux loups sur la place de Vinon-sur-Verdon, pris en photo en 2018, à côté des restes d’un chevreuil qu’ils avaient poursuivi. © DR
Tous les troupeaux autour de La Verdière subissent de gros dégâts. Anne-Lise Bonneau, dont les troupeaux pâturent en bordure de forêt dans des parcelles attenantes de celles de Guillaume Menut, a perdu une trentaine de bêtes au cours de l’année 2019. Pourtant, elle a sept patous et une panoplie très complète de moyens de protection, comme ses voisins.
> À lire aussi :Chien de protection, « l’État met la charrue avant les bœufs » (11/12/2019)
« La semaine dernière, les louvetiers sont venus toute la semaine dernière autour du troupeau, mais ils n’ont pas vu les prédateurs rôder », déclare Guillaume. Les loups sont revenus vendredi, le soir quand ils n’étaient pas là. Depuis samedi, de nombreux responsables politiques se désolent de notre situation mais rien ne bouge. Il faut prendre des mesures. Les chasseurs devraient avoir le droit de les tirer. Notre salut passe par l’action des chasseurs. »
Un élevage ovin sans défense
Pour Claude Font, secrétaire général de la FNO en charge du dossier de la prédation, « la ligne rouge est franchie. Depuis vingt ans, nous sommes le garde-manger des loups. Ça suffit ! s’insurge-t-il. Nous ne pouvons pas laisser plus longtemps l’élevage ovin sans défense. »
Le syndicaliste interpelle les plus hauts responsables de l’État au sujet des plans loups qui « sont un échec ». Sur les deux objectifs, la conservation du loup et la sauvegarde de l’élevage et des activités pastorales, « force est de constater que le deuxième n’est toujours pas rempli ! »
Aussi, la Fédération nationale ovine demande « immédiatement » une révision du cadre législatif pour que les éleveurs puissent défendre librement leurs troupeaux et que le loup apprenne à craindre l’homme.