« Je ne pourrai pas supporter de voir mon troupeau prédaté très longtemps ! » assure Vincent Jacquinet, à la tête de 330 brebis à Saint-Yrieix-le-Déjalat dans le nord de la Corrèze. Depuis 2019, il a perdu 9 ovins dans des conditions qui rappellent fortement le mode opératoire des loups.
> À lire aussi : Première attaque de loup en Haute-Vienne (13/12/2021)
Deux béliers morts dans leur parc
La dernière attaque date de la nuit du 19 au 20 décembre 2021. L’agriculteur a retrouvé deux béliers morts dans leur parc. « Ils pâturaient à l’écart des 130 brebis, explique-t-il. Je pense que le prédateur est d’abord passé près des brebis car j’ai retrouvé une touffe de laine non loin d’elles. »
« Les deux jeunes chiennes de protection, qui accompagnent le troupeau depuis peu, ont dû jouer leur rôle. Le matin, quand je suis arrivé, les deux chiennes avaient aussi un comportement inhabituel. Elles étaient apeurées et ne venaient pas chercher leurs croquettes comme d’habitude. »
Des résultats qui tardent
Vincent suppose qu’en repartant, le loup (ou les loups) a croisé les béliers sur le versant opposé à celui des brebis et des deux chiennes. « J’ai retrouvé l’un complètement consommé et l’autre égorgé avec les viscères à l’air », décrit-il. L’Office français de la biodiversité est venu constater, mais ses résultats n’ont pas encore été communiqués.
> À lire aussi : « J’ai perdu une centaine de brebis et agneaux depuis trois ans » (24/09/2019)
L’agriculteur estime que les premières attaques ont débuté au printemps 2019. En plus des animaux retrouvés morts, s’ajoutent des pattes cassées lors des fuites du troupeau, du stress pour les brebis… La responsabilité des loups n’a pas été officialisée, à cette époque-là non plus. « J’ai adopté le métier d’éleveur par passion, mais il sera difficile de continuer dans ces conditions », estime Vincent Jacquinet.
Des frais importants
Pour l’instant, les ovins tués n’ont donc pas été indemnisés. Les trois patous sont également une charge pour l’exploitation. « J’ai acheté deux palettes de croquettes cette année, ajoute-t-il. Cela m’a coûté 1 400 €. Les deux chiens de conduite en mangent aussi, mais ce ne sont pas les plus gros consommateurs. »
À cela s’ajoutent, les frais vétérinaires, et tout le temps passé pour leur mise en place dans l’élevage dans de bonnes conditions. L’achat de nouveaux béliers est prévu pour la reproduction dans l’espoir que les loups ne s’installent pas dans le département.