« Dans de nombreux cas, l’interprétation juridique de la “protection stricte” (1) empêche la mise en œuvre d’une gestion active de l’espèce », constate le Copa-Cogeca dans un communiqué diffusé le 17 mars 2022. Or, certaines populations de grands carnivores présentes au sein de l’Union européenne ne nécessitent plus de bénéficier de ce statut de protection, car elles ne sont plus considérées comme menacées ou vulnérables, estime l’organisation.
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Alors que les conflits de coexistence entre espèces d’élevage et sauvages s’intensifient, le Copa-Cogeca appelle la Commission européenne à agir. Les organisations et coopératives agricoles de l’Union européenne réclament une modification des annexes de la directive habitat-faune-flore, « afin d’adapter le statut de protection des espèces à l’évolution démographique inhérente à l’Europe ».
Donner davantage de souplesse aux États membres
Dans de nombreuses régions d’Europe, « la tolérance sociale à l’égard des grands carnivores a atteint ses limites ou est en train de diminuer », prévient le Copa-Cogeca. Et de pointer des approches inadéquates de la gestion des prédateurs et des demandes négligées des acteurs ruraux.
« Les États membres doivent être autorisés à gérer activement les grands carnivores d’une manière qui permette de préserver leur état de conservation favorable ainsi que la conservation d’autres espèces sauvages et d’autres activités d’utilisation des terres, incluant la chasse et la gestion du gibier », poursuit le Copa-Cogeca. Car, si le cadre juridique est fixé au niveau européen, « les décisions de mise en œuvre doivent être prises à l’échelle locale et régionale ».
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Prévoir d’autres moyens de financement pour les agriculteurs
Le Copa-Cogeca appelle également à revoir le financement des mesures de prévention et de compensation, dans un contexte de multiplication des attaques de prédateurs sur les troupeaux. Sur le volet agricole, « il est essentiel que tout outil futur mis en place […] provienne d’autres sources de financement, en dehors des fonds de la politique agricole commune », soutient l’organisation.
Chaque année, les coûts d’indemnisation s’élèvent à plus de 28,5 millions d’euros pour les dommages causés aux animaux et aux biens, le coût moyen par prédateur étant de 2 400 euros pour les loups et de 1 800 euros pour les ours, chiffre l’organisation.
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En 2020, la population de loups en France a provoqué la mort de 9 872 animaux, principalement des moutons. La même année, les pertes ont dépassé les 5 000 têtes en Espagne. Mais au-delà du coût monétaire, « c’est aussi le coût psychologique qui affecte les agriculteurs, qui voient leurs cheptels constamment mis sous pression », soulève le Copa-Cogeca.
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(1) L’annexe IV, de la directive européenne habitats-faune-flore du 21 mai 1992, liste les espèces animales et végétales d’intérêt communautaire qui nécessitent une protection stricte : elle concerne les espèces devant être strictement protégées.