Lors du référendum sur la révision de la loi sur la chasse en septembre 2020, les Suisses avaient refusé à 51,9 % la modification qui incluait le tir préventif du loup. Depuis, en juin 2022, une initiative parlementaire intitulée « L’augmentation des populations de loups devient incontrôlable. Sans possibilité de régulation, elle menace l’agriculture » remet le sujet sur le tapis, en reproposant d’inclure le tir préventif.

Une initiative parlementaire

Le 31 août dernier, le Conseil fédéral suisse a donné son avis favorable à cette initiative, qu'elle juge par ailleurs conforme à la Convention de Berne : « Le Conseil fédéral soutient l’objectif poursuivi par l’initiative parlementaire de réguler efficacement la population de loups en Suisse. Avec la régulation proactive, les loups ne seront à l’avenir plus tirés en raison des dommages ou de la mise en danger de l’homme causés dans le passé. »

Si les critères d’application du tir préventif restent largement à définir, l’idée d’intervenir avant d’avoir des dommages est présente. Jusqu’alors, le tir était accordé lorsque des bêtes abattues étaient constatées. Le quota était déjà descendu de 15 moutons à 10 moutons lors du train d’ordonnances du début d’année.

Pour une cohabition supportable

Il s'agit d'une évolution attendue par les éleveurs suisses car le nombre de loups augmente rapidement : selon les chiffres annoncés par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), la Suisse compte 180 loups en 2022 et affiche une croissance annuelle de 30 %.

« Avec le tir préventif, l’objectif est de voir la régulation du loup comme celle du bouquetin qui est aussi une espèce protégée. Nous devrons garantir les effectifs de l’espèce, mais nous demandons d’arriver à une cohabitation supportable », explique Michel Darbellay, directeur du département Production, marché et écologie, au sein de l’Union suisse des paysans (USP).

Tirs du 31 septembre au 1er janvier

Le gouvernement suisse a également tranché sur un autre point : le tir préventif sera toujours autorisé par l’OFEV, et les compétences des cantons en matière de tir ne changent pas. Mais pour l’USP, il faudra aller plus loin : « Alors que la période de régulation est prolongée d’un mois s’agissant du bouquetin, l’initiative parlementaire maintient la période de régulation du loup du 1er septembre au 31 janvier. De plus, seuls les gardes-faunes ont le droit d’effectuer les tirs de prélèvements, ce qui limite beaucoup la régulation dans la pratique », explique Michel Darbellay.

Le débat autour de la régulation du loup est loin d’être clos : cette initiative doit passer devant le Conseil des États et le Parlement afin d’inscrire, ou non, le tir préventif dans la loi et d’en définir les limites. Le monde agricole l’espère pour la prochaine saison d’estive.