« Dalida, quand elle s’est suicidée, est-ce qu’elle a fait un autre album derrière ? » C’est une remarque de sa tante, qui lui montre une vidéo en l’encourageant à se battre, qui donne à Raymond la grande idée au cœur du film.
Car la ferme bio de Raymond ne va pas bien. À l’occasion d’une réunion à la coopérative, alors qu’il s’apprête à demander 2 centimes de plus par œuf, la direction annonce qu’elle ne se fournira plus chez les petits producteurs. Le bio, elle le préfère en gros, pour obtenir de meilleurs prix.
Conflits chez les producteurs
Au cœur de l’intrigue se trouve une crise du modèle agricole. Raymond et sa petite exploitation ne sont pas capables de produire à des coûts suffisamment bas, et l’éleveur a trois semaines de sursis, jusqu’au départ de ses pondeuses pour l’abattoir. Après cette dernière bande, Raymond devra mettre la clé sous la porte.
Raymond n’est pas bavard, ce qui ne l’empêche pas d’aimer sa famille, sa poule de compagnie, Roxane, et son exploitation. Mais Raymond a surtout une passion pour le théâtre, et, chaque matin, il lit quelques pages du Cyrano d’Edmond Rostand à ses bêtes. Un amour des belles lettres, qu’il va utiliser pour tenter de se faire connaître sur internet, aux côtés de Roxane.
On rit en voyant les poules tendre le cou devant les tirades de Cyrano, et on pleure devant cette exploitation en péril. Entre les deux, on est certain d’une chose : Mélanie Auffret, bien qu’elle n’évite pas quelques clichés, connaît le monde agricole.
Quand les éleveurs inspirent
C’est le premier long-métrage de cette jeune bretonne de 27 ans. Son film, elle a souhaité le tourner chez elle, à Corlay, dans les Côtes-d’Armor, parce que c’est justement là qu’elle a trouvé l’inspiration pour cette fiction.
Son village breton, Mélanie Auffret l’avait déjà utilisé dans son premier court-métrage, « Sois heureuse ma poule ». À l’occasion d’un festival, en 2017, un producteur repère ce travail, et lui propose d’en faire un format plus long. La jeune femme se rend alors chez les agriculteurs du Corlay, pour trouver de quoi étoffer son idée.
« Un matin, j’étais à la traite avec un éleveur. Il a fini par me confier qu’il avait souvent récité des textes de théâtre à ses vaches pendant la traite », explique Mélanie Auffret. Une passion des planches, qui, si elle n’a rien d’une exception dans le milieu agricole, était tenue cachée, et dont Mélanie a fait le cœur de son film.