Chaque année, je vous rends compte de mes vacances, ou plutôt des marches de mon tour de France. L’an passé, après les 500 km du tour du Cotentin, j’avais évoqué cet éleveur qui louait des chambres. Il était bien dépité en accueillant ses hôtes vegans qui le considéraient comme un tortionnaire.
Les 400 km de cet été (Dunkerque - Le Havre) m’ont réservé d’autres surprises. J’ai ainsi pu vérifier qu’on entre nulle part sans contrôle du pass sanitaire. Je savais également que la pratique des paiements en liquide était très répandue sur le littoral méditerranéen mais, apparemment, celle-ci s’est généralisée. Jamais la circulation de billets n’a été aussi importante en Europe qu’en 2021. C’est même une caractéristique de temps de crise. La France est l’un des pays où l’évolution est la plus forte. Là où je suis passé, pas un propriétaire de chambre d’hôte ne s’est fait régler autrement qu’en espèces. Les Belges, nombreux dans cette région, sont coutumiers du fait et arrivent avec des liasses. À 130 euros la chambre, on arrive vite à de coquettes sommes. Sans vouloir médire - bien sûr - il peut être envisagé qu’une partie échappe à tout impôt… C’est d’ailleurs une autre caractéristique des temps de crise : chacun s’affranchit dès qu’il peut des règles collectives. Bercy aurait quelques raisons d’être inquiet des rentrées fiscales.
Des rencontres égayent également le parcours. Je me souviens d’un légumier philosophe qui avait disposé des panneaux devant ses serres : « Ils furent enfants et firent beaucoup d’heureux ». On bien encore : « Ne reporte pas à plus tard car ce sera peut-être trop tard. Fais-le maintenant. » Formidable !
Des paysans philosophes et des marcheurs qui ne les aiment pas toujours. À partir de Dieppe, une grande partie des sentiers s’éloignent du trait de côte. À cause des risques d’éboulement des falaises, dit-on. « La sécurité a bon dos », expliquent les randonneurs rencontrés. « Ce sont plutôt les paysans qui ont réussi à éliminer les promeneurs qu’ils considèrent comme des emm… » Je ne fais que vous livrer ce que j’ai entendu...