«Je rencontre nombre d’exploitants qui prennent en charge beaucoup de choses à la place des autres, tant dans leur vie personnelle, familiale ou professionnelle. Souvent par éducation, nous ne nous écoutons pas assez et allons jusqu’à devancer les demandes de l’autre. Or, il ne faut pas, tel un couteau suisse, répondre à toutes les sollicitations, sans s’autoriser à définir ses besoins. Sinon, nous perdons beaucoup d’énergie. Le stress s’installe et certaines maladies peuvent se déclarer.
Si, dans une situation donnée, vous sentez des tensions, vous ruminez, c’est qu’au départ, vous n’avez pas posé une communication suffisamment claire.
Prenons l’exemple de votre voisin qui ne lave pas le matériel avec lequel vous travaillez en commun. Commencez par identifier votre besoin. Vous aimeriez que la machine rentre propre. Ensuite, exprimez-lui votre ressenti. Pas en l’accusant, mais en vous appuyant sur des faits et en employant le "je". "Hier, j’ai constaté que l’épandeur était plein de fumier, qu’il n’avait pas été lavé. J’ai dû y passer un coup de nettoyeur à haute pression. Je ne me sens pas respectée." Indiquez-lui votre besoin : "Je souhaite qu’il soit propre pour l’utiliser."
Tous les individus fonctionnent différemment. L’autre ne peut pas deviner votre attente. Il est indispensable de la formuler. Et s’il vous rétorque qu’il n’a pas eu le temps de nettoyer l’engin, étudiez, dans une relation d’adulte à adulte, comment procéder pour que cela ne se reproduise pas. Peut-être faut-il simplement que vous récupériez la machine une journée plus tard.
Quand vous formulez votre ressenti, vous vous respectez, et vous invitez l’autre également à le faire. Les mauvaises habitudes génèrent de la frustration. Plus elles sont ancrées, plus il y aura de résistance au changement. Et plus les recadrages seront nécessaires.
Dans le cas de votre adolescent qui laisse traîner ses chaussettes, il faudra répéter, certainement plusieurs fois, l’accord qui a été pris entre vous.
En conclusion, plus vite les choses sont énoncées, moins la situation s’envenime. »
Propos recueillis par Catherine Yverneau
(*) Pauline Force-Havard intervient régulièrement dans des groupes d’agriculteurs. Plus d’informations sur son site www.ineho.fr.
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