Alors que s’ouvre ce 18 décembre 2025 un Conseil européen capital à Bruxelles et que le Brésil s’impatiente, les institutions européennes se sont accordées hier soir pour renforcer les mesures de protection proposées par la Commission européenne dans le cadre de l’accord commercial avec le Mercosur. Des mesures qui n’avaient pas convaincu jusqu’à présent la France.

Quelques heures avant cet accord, Emmanuel Macron avait prévenu en Conseil des ministres à Paris que « la France s’opposerait de manière très ferme » s’il y avait « une volonté de passage en force de la part des instances européennes », a rapporté Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement. Le président de la République juge toujours qu’il n’y a « pas de visibilité suffisante sur les trois conditions demandées » par la France : « les mesures miroirs, la clause de sauvegarde et les contrôles ».

Des mesures de sauvegarde plus rapidement activées

Ne convainquant personne en France, les propositions de la Commission européenne ont été amendées par « des ajouts ciblés » a affirmé la présidence du Conseil de l’Union européenne le 17 décembre au soir. De quoi garantir, « aux mesures de sauvegarde [d’être] appliquées rapidement et efficacement si les importations en provenance des partenaires du Mercosur causent ou menacent de causer des dommages graves », selon elle.

Concrètement, les mesures de sauvegarde permettant à l’Union européenne de suspendre temporairement les préférences tarifaires accordées aux importations agricoles en provenance du Mercosur pourraient être « plus rapidement et plus simplement activées » en cas de préjudice porté à l’agriculture européenne.

Le seuil d’augmentation des importations déclenchant une enquête de l’Union européenne afin de réagir aux perturbations des marchés européens serait fixé à 8 %. Un compromis trouvé alors que la Commission européenne avait proposé un seuil à 10 % et le Parlement européen 5 %. Quels que soient les pourcentages, ce mécanisme n’est pas jugé suffisamment protecteur par le monde agricole.

La réaction française attendue

« Avec cette mesure et d’autres mesures, de grands efforts ont été déployés pour répondre aux préoccupations et ouvrir la voie à l’approbation de l’accord crucial Union européenne-Mercosur. Il est essentiel que l’Union européenne diversifie nos partenariats commerciaux et stratégiques dans des moments comme ceux-ci », a affirmé pourtant Lars Løkke Rasmussen, ministre danois des Affaires étrangères qui abandonnera la présidence du Conseil de l’Union européenne le 1er janvier.

La substance de cet accord trouvée le mercredi 17 décembre 2025 devra être adoptée par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne avant de s’appliquer dès la potentielle entrée en vigueur de l’accord avec le Mercosur.

Des avancées qui semblent tout de même encore loin de répondre aux exigences françaises. La réaction de l’exécutif français sera scrutée aujourd’hui alors que les chefs d’État des 27 États membres de l’Union européenne se réunissent durant deux jours, même si officiellement, le Mercosur n’est pas à l’ordre du jour des réunions.

Il le sera en revanche sur les pancartes et les revendications portées par les 10 000 agriculteurs européens attendus à Bruxelles ce 18 décembre à la suite de l’appel à mobilisation lancé par le Copa-Cogeca, le plus important syndicat représentatif des agriculteurs et des coopératives en Europe. La FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA)  devraient représenter le plus gros des troupes avec 4 000 agriculteurs annoncés. Hier, c’est la Confédération paysanne, à Liège, et la Coordination rurale, à Strasbourg, qui se sont mobilisées.