C’est un volte-face qui ne plaît pas au syndicat agricole. La Confédération paysanne, dans une conférence de presse ce mardi 16 décembre 2025 a attaqué l’attitude du président de la République Emmanuel Macron sur l’accord commercial avec le Mercosur. Le président jugeant tantôt l’accord « plutôt positif » (au Mexique, début novembre), et tantôt constatant que « le compte n’y est pas pour protéger les agriculteurs français », d’après son entourage ce mardi.

L’attitude présidentielle, qualifiée « d’hypocrite » par Thomas Gibert, porte-parole de la Confédération paysanne, empêche, selon les organisations du Collectif national Stop Mercosur (1), que la France dirige une minorité de blocage forte contre l’accord à l’échelle européenne. L’enjeu ? Empêcher la constitution d’une majorité qualifiée - 15 États et 65 % de la population de l’Union européenne (UE) – en faveur de l’accord au Conseil européen, qui regroupe les chefs d’États des vingt-sept pays de l’Union européenne.

« Aujourd’hui, nous pourrions avoir une minorité de blocage, car de nombreux pays sont hésitants », affirme Maxime Combes économiste et co-animateur du collectif Stop Mercosur, citant notamment l’Italie.

« Nous demandons que [le président Emmanuel] Macron soit réellement proactif dans la constitution d’une minorité de blocage. Nous voulons le voir sur le terrain et que cela se fasse vite », appelle Thomas Gibert. « Nos positions sont ralliées par une immense majorité des agriculteurs », soutenue par un « consensus de syndicats [agricoles] » et « de l’ensemble de la classe politique » soutient-il.

Les trois exigences de la France pour valider l’accord (des mesures miroirs sur les pesticides, un contrôle aux frontières accru, et l’approfondissement de clauses de sauvegarde) sont « trop faibles » et « pas de nature à changer le contenu de l’accord », affirme Maxime Combe. L’exécutif a demandé le 14 décembre un « report » de l’examen et la signature de l’accord entre l'Union européenne et leMercosur. Matignon estimait que « les conditions ne sont pas réunies » pour un vote, faute de garanties suffisantes pour l’agriculture européenne.

Mais cette proposition relèverait surtout d’une « manœuvre » du président « pour éviter que campagnes flambent encore », juge le porte-parole de la Confédération paysanne. « Nous allons continuer ce bras de fer qui pour l’instant fonctionne bien sur le terrain », ajoute Thomas Gibert.

Des mobilisations qui s’intensifient

Pour rappel, l’accord commercial avec le Mercosur, dit « accord viande (import) contre voiture (export) » devrait être signé officiellement par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen le 20 décembre lors d’un sommet au Brésil, après des années de discussions avec les pays du Marché unique dit « Mercosur » (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay, Uruguay).

Une partie du monde agricole (notamment la FNSEA, les JA) a prévu de se mobiliser jeudi à Bruxelles, siège des institutions de l’Union européenne pour protester contre l’accord, tandis qu’une autre partie du monde agricole (CR, Confédération paysanne, et certaines branches locales de JA) multiplie les manifestations dans différentes régions françaises contre l’accord avec le Mercosur et la politique sanitaire gouvernementale pour enrayer la dermatose nodulaire contagieuse.

Ce sont deux revendications très proches pour le porte-parole de la Confédération paysanne, Thomas Gibert. « Nous faisons un lien entre cette crise-là [la DNC, N.D.L.R] et le Mercosur. Cette signature [de l’accord] va être un coup de poignard supplémentaire dans le dos des éleveurs et des éleveuses ».

(1) À l’origine de la conférence de presse et dont fait partie la Confédération paysanne