Même si elle était attendue, la conclusion des négociations de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur le 6 décembre 2024 à Montevideo a fait l’effet d’une déflagration dans le monde agricole. Mais passé l’émotion, syndicats agricoles, ONG et responsables politiques appellent à poursuivre la lutte pour bloquer sa ratification.
Tout se jouera à Bruxelles
On le sait maintenant, la France se prépare à l’éventualité de voir la Commission européenne décider de séparer l’accord de coopération de l’accord commercial. En résumé, cette option ne nécessiterait plus le vote à l’unanimité des États membres pour que l’accord commercial entre vigueur mais une majorité simple. L’objectif pour la France est donc de former une minorité de blocage de quatre pays au minimum représentant au moins 35 % de la population européenne. Et cette perspective est plus que jamais dans l’esprit des opposants.
Au front sur les dossiers agricoles à Bruxelles, le syndicat européen Copa-Cogeca (organisations professionnelles agricoles et coopératives) a profité de la présence des ministres de l’Agriculture de l’Union européenne le 9 décembre pour faire pression contre l’accord.
« Notre message est clair. Nous ne sommes pas contre les accords commerciaux mais celui-ci est inacceptable en l’état » ont-ils déclaré sur le réseau X, relatant l’entrevue en présence des ministres de l’Agriculture de la Pologne, de la France, de l’Espagne et de l’Italie. Une manière d’essayer de convaincre les pays hésitants de se positionner contre la ratification lorsqu’ils devront se prononcer.
Plusieurs de ces ministres européens ont par ailleurs demandé à la Commission de dévoiler au plus vite le texte négocié pour prendre position. Une démarche qui devrait prendre du temps tant les clauses incluses dans ce type d’accord sont nombreuses et complexes. Le même jour, une manifestation de plusieurs syndicats agricoles européens avait lieu à Bruxelles pour redire l’opposition à cette ratification avant que plusieurs élus les y rejoignent.
Un commissaire qui joue la neutralité
Le nouveau commissaire à l’Agriculture, Christophe Hansen, s’en est remis aux institutions européennes au cours d’une conférence de presse le 9 décembre 2024. « Ce sera le rôle des colégislateurs, pas seulement des pays membres, mais aussi au Parlement européen, de faire le point sur ce qui a été négocié et de décider sur cette base », a-t-il déclaré.
Il n’a toutefois pas écarté les inquiétudes du monde agricole. « C’est très important d’écouter les inquiétudes de la communauté agricole et c’est quelque chose que nous prenons en compte sérieusement. Cependant, je pense que l’accord comporte beaucoup de clauses et mécanismes de sauvegarde au sein des quotas tarifaires qui doivent empêcher les impacts négatifs. »