Les virus, à l’instar du Covid-19, n’entravent pas que les mouvements des hommes et femmes à travers le monde. Ceux des espèces animales peuvent, du jour au lendemain, fermer des frontières, et donc des marchés à l’agriculture française (lire page 14). Les éleveurs de bovins se souviennent de l’arrivée dans l’Hexagone du virus de la fièvre catarrhale ovine, par exemple. Certains pays réagissent au quart de tours, comme la Chine. L’Allemagne en a fait les frais dès l’apparition des premiers foyers de peste porcine africaine sur son territoire. En France, l’influenza aviaire hautement pathogène a bloqué les flux de viandes de volailles vers certaines destinations, dont l’empire du Milieu.

Contrairement au Covid, le salut ne peut pas venir de la vaccination, même pour le pays de Pasteur. Pour certaines pathologies, les vaccins ne sont pas encore disponibles. Pour les autres, ils peuvent entraîner l’apparition d’anticorps chez les animaux vaccinés impossibles de différencier de ceux présents chez les animaux contaminés naturellement par le virus. Et nos partenaires commerciaux refusent de prendre le moindre risque d’introduire sur leur territoire un virus dont ils sont indemnes ou contre lequel ils se battent. Ce qui se comprend.

Il ne reste qu’une solution : la diplomatie, mais mieux vaut s’armer de patience et être prêt à faire des concessions. Même une fois le virus disparu du territoire, il n’y a aucune garantie que vos partenaires commerciaux rouvrent leurs portes. La France a beau être officiellement indemne d’influenza aviaire hautement pathogène depuis septembre 2021, la Chine refuse toujours d’importer de la volaille française ou notre foie gras. Et même pour une maladie absente de l’Hexagone comme la peste porcine africaine, les discussions s’éternisent.

La qualité de notre dispositif sanitaire est un argument qui peut peser dans la balance, mais la Chine attend aussi une contrepartie. Bref, une réciprocité des mesures, voire plus. Quand Paris négocie un zonage des restrictions au cas où le virus de la peste porcine arriverait dans l’Hexagone, Pékin défend une compartimentation pour ses exportations. Autrement dit, que ses partenaires acceptent d’importer des produits provenant d’entreprises reconnues indemnes d’un pathogène, même si elles sont implantées dans une zone qui ne l’est pas. Seules de grandes entreprises avec des exploitations intégrées peuvent s’engager dans cette compartimentation. Pas sûr que la France fasse le poids face à la Chine à ce jeu-là !