Le 23 septembre 2025, l’Union européenne et l’Indonésie ont conclu un accord de partenariat économique global, dit Cépa. Les discussions qui avaient débuté en 2016 se sont échelonnées sur 19 cycles de négociations. Il s’agit donc d’une étape historique, signée dans un contexte inédit, celui de la hausse des droits de douane américains qui pousse les puissances économiques à diversifier leurs marchés.

Des opportunités pour les produits agricoles

La Commission européenne estime que le Cépa « bénéficiera considérablement aux agriculteurs européens, en réduisant les droits de douane sur les produits agroalimentaires ». Les produits laitiers, la viande, les fruits et légumes et un large éventail d’aliments transformés sont concernés par la suppression des droits de douane. Le Cépa protégera également les indications géographiques agricoles respectives, soit 221 appellations européennes et 72 indonésiennes.

Selon la Commission, les exportations agroalimentaires européennes vers l’Indonésie s’élèvent à 1 milliard d’euros actuellement. Elles « devraient continuer à croître », estime Christophe Hansen, le commissaire européen à l’agriculture. Ce dernier précise que des « lignes rouges » ont été clairement tracées pour protéger les agriculteurs européens de cet accord commercial. Par exemple, « les droits de douane existants restent en vigueur pour le riz et le sucre et des quotas calibrés ont été conçus pour d’autres produits sensibles. Notre objectif est une concurrence loyale et des conditions de concurrence équitables », précise Christophe Hansen.

Les syndicats agricoles européens Copa et Cogeca approuvent ces protections mises en place à l’égard de produits sensibles que sont le riz, le sucre, les œufs, les bananes et l’éthanol. « Cet accord offre d’importantes opportunités pour certains secteurs agroalimentaires de l’Union européenne, mais sa véritable valeur dépendra de l’élimination efficace des barrières non tarifaires et de la mise en place de procédures plus rapides et plus prévisibles pour les exportateurs », ont immédiatement réagi les syndicats dans un communiqué.

600 millions d’euros de taxes économisés

Selon la Commission européenne, les droits à l’importation seront supprimés « sur 98,5 % des lignes tarifaires » et les procédures applicables aux exportations de biens de l’Union européenne vers l’Indonésie seront simplifiées. Les principaux biens concernés sont les voitures et les produits agroalimentaires. Sur l’ensemble des produits exportés, l’économie réalisée sur les taxes est évaluée à « quelque 600 millions d’euros ».

L’Indonésie représente un marché de 285 millions de consommateurs. Cet accord « ouvre de nouvelles portes aux entreprises européennes sur un marché dynamique et en pleine croissance », a déclaré dans un communiqué Maros Sefcovic, le commissaire européen au Commerce qui a finalisé les négociations à Bali le 23 septembre 2025. « Les secteurs clés de l’Union européenne, tels que l’agroalimentaire et l’industrie manufacturière de pointe, bénéficieront d’un meilleur accès au marché », estime-t-il.

Une étape vers « une croissance durable »

Pour la présidente de la Commission européenne Urusula von der Leyen qui avait signé avec l’Indonésie l’accord politique le 16 juillet 2025, le Cépa fournit par ailleurs à l’Union européenne « un approvisionnement stable et prévisible en matières premières critiques, essentielles pour l’industrie européenne des technologies propres et de l’acier ».

Du côté de l’Indonésie, le textile et l’huile de palme devraient être les principaux produits bénéficiaires de cet accord avec l’Union européenne. À noter que l’huile de palme est un sujet de tension depuis plusieurs années entre l’Union européenne et l’Indonésie. Dès 2019, l’Indonésie avait porté plainte contre les taxes antidumping mises en place par l’Union européenne à l’encontre de son biodiesel. Elle a finalement eu gain de cause auprès de l’Organisation mondiale du commerce le 27 août 2025.

La loi de l’Union européenne contre la déforestation est également très critiquée par l’Indonésie. Cette loi vise à interdire les produits tels que l’huile de palme issue de terrains déboisés. Or seulement quelques heures après la conclusion du Cépa avec l’Indonésie, la Commission européenne a annoncé son intention de reporter à fin 2026, l’entrée en vigueur de sa loi contre la déforestation prévue initialement pour la fin de l’année 2024, et déjà reportée d’un an à la fin de 2025.

L’accord du Cépa comprendrait toutefois un protocole pour « soutenir un secteur de l’huile de palme plus transparent et durable en Indonésie ». Et la Commission européenne souligne l’étape importante que représente le Cépa « dans la promotion d’une croissance durable et de la transition écologique », sans donner plus de précisions. Les textes officiels du Cépa n’ont d’ailleurs pas encore été publiés.

Avant son entrée en vigueur, l’accord de partenariat économique global doit d’abord être ratifié par le Parlement de l’Union européenne et par l’Indonésie.