En cette fin novembre, la sucrerie de Corbeilles-en-Gâtinais tourne à plein régime. Pourtant, les rendements catastrophiques en betteraves ont diminué la durée de la campagne de moitié, à 60 jours. Après la récolte conventionnelle, place au bio !
Depuis deux ans, Cristal Union s’est lancée dans cette nouvelle aventure. Dans l’usine, le process est identique. Il a seulement fallu trouver des produits homologués en bio (antimousse, désinfectant…) et pratiquer 12 heures de nettoyage entre les deux campagnes. Comme au champ, la différence majeure est l’herbe. Des tonnes de végétaux se coincent dans les machines et diminuent de 20 % la productivité (9 000 t/jour à la place de 11 000 t). Cristal Union prévoit d’acheter cinq machines de désherbage (Klünder) pour prendre le mal à la racine.
3 000 ha en 2023
Pour répondre au marché bio, les dirigeants trouvent facilement des planteurs. Les conversions sont nombreuses au sud du Bassin parisien. La coopérative a commencé par 500 ha en 2019, puis 1 000 ha cette année, répartis chez une centaine de planteurs du Loiret et d’Île-de-France. « Avec les aides de la région Île-de-France, beaucoup de céréaliers sont passés en agriculture bio. En retour de leurs betteraves, ils bénéficient de la vinasse et d’écume pour la fertilisation. Le fait de posséder une unité de déshydratation de pulpe et de luzerne sur le territoire, la Sydesup, permet aussi d’apporter un débouché pour la luzerne dans cette zone céréalière », indique Hervé Fouassier, agriculteur à Ouzouer-sous-Bellegarde (Loiret) et président des planteurs de Corbeilles.
Ces atouts laissent présager une bonne adéquation entre la demande du marché et la production. Cristal Union vise une augmentation des surfaces bio de 50 % chaque année, pour atteindre 3 000 ha en 2023, soit 1,7 % des surfaces du groupe. À terme, le marché bio représenterait jusqu’à 15 % de sa production. Fort de la réussite dans le Loiret, la coopérative souhaite certifier en bio une autre usine en Alsace. Aude Richard