« Toutes nos parcelles sont touchées, certaines complètement ravagées. Que pouvons-nous attendre de la pousse de l’herbe du printemps prochain ? », expriment avec inquiétude Christian et Nathalie Hugon, installés à Neuvéglise, dans le Cantal, avec 60 va­ches aubracs sur 88 hectares de prairies.

 

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Des foins avec de la « terre et des rats séchés »

« Le foin que nous distribuons cet hiver contient de la terre et des rats séchés, décrivent-ils. Nous sommes dépassés par les événements alors que nous pensions avoir été efficaces en attrapant plus de 5 000 rats en trois ans par piégeage­ mécanique ou chimique avec du Ratron GW (1). »

 

Pour leur fils, Florian, qui parcourt le département et ses alentours en livrant de l’aliment pour bétail, « le pays est dévasté et les éleveurs désespérés ». En témoigne Pierre Baladuc, producteur de lait bio sur 110 ha de prairies naturelles au Vigean, qui doit demander une autorisation à son organisme certificateur à chaque utilisation de Ratron : « Ce qui était une bonne année fourragère sans sécheresse subit aujourd’hui les méfaits d’une pullulation aussi déprimante qu’effrayante ».

 

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Alléger le protocole

Une réunion a été organisée en décembre dernier sur son exploitation pour alerter une nouvelle fois les pouvoirs publics. « Le produit miracle n’existe pas, avertit Simon Veschambre, président de la FDGedon (Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles), qui regroupe 900 adhérents dans le Cantal. Nous avons aujourd’hui besoin d’un allègement du protocole de lutte pour gagner en efficacité, avec l’autorisation de doses supérieures à 2 kg de Ratron GW/ha/an et d’une lutte mécanisée à la charrue. »

 

« Nous militons aussi pour une homologation française de formulations de phosphure de zinc sur des supports de carottes ou de luzerne à des prix moins prohibitifs­ que le Ratron GW, commercialisé 16 €/kg en France par l’unique laboratoire allemand qui le fabrique. Malgré les aides FMSE (2), le coût du traitement cumulé aux pertes directes et indirectes plombe les trésoreries. »

 

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Monique Roque Marmeys

(1) Blé enrobé de phosphure de zinc préconisé depuis l’interdiction de la bromadiolone en décembre 2020.

(2) Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental.