Des oranges, un bonnet phrygien et des chars : c’est le programme du carnaval d’Ivrea (ou Ivrée, en Français) depuis plus de 160 ans. Durant trois jours, des milliers de personnes tirent des oranges contre des chars à l’occasion du carnaval. Les participants doivent s’inscrire au sein d’une des neuf équipes historiques du carnaval qui portent des noms folkloriques comme les oranges de la mort, les panthères ou les diables.

Seuls les inscrits ont accès aux précieux projectiles pour entamer la bataille. Les chars font ainsi le tour de plusieurs places de la ville où les attendent les membres des différentes équipes. Les visiteurs qui ne souhaitent pas participer portent un bonnet rouge s’inspirant fortement du bonnet phrygien.

Derrière cette mise en scène festive, c’est une légende qui se déroule mêlant faits historiques et rumeur populaire. Au XIIe siècle, Violette, la fille du meunier, aurait coupé la tête du seigneur de l’époque qui souhaitait exercer son droit de cuissage avant le mariage de la jeune femme. S’en serait suivie une révolte à coup de pierres contre les nobles et les soldats présents.

© Fondation du carnaval historique d'Ivrea - A l'instar du char de Violette, le carnaval propose une cérémonie complexe, qui intègre différentes époques.

Aujourd’hui encore, Violette défile sur un char doré annonçant le lancement des festivités tandis que les participants représentant le peuple repoussent les nobles en armure montés sur les chars. Chaque équipe achète les agrumes de son côté. « Les oranges arrivent de Calabre ou de Sicile et nous les achetons à des fournisseurs », raconte Denis, membre des « Arance della morte », l’équipe des oranges de la mort créée en 1954.

Les oranges, parfaitement comestibles, seraient des fruits ne respectant par les standards de commercialisation. Elles sont empilées en cagettes sur les places pour se réapprovisionner durant la bataille. Par la symbolique de la liberté du peuple ainsi que du jeu autour de la bataille, le carnaval d’Ivrea est un des plus anciens d’Italie mais également un des plus touristiques. Après trois jours de combat, la belle Ivrea révolutionnaire se rendort, recouverte de pulpe d’oranges, jusqu’au prochain carnaval.