« On ne veut pas faire un marché élitiste, [on s’engage] pour que le soja “non déforestant” ne soit pas l’exception, mais l’exclusivité du marché français », assurait François Cholat, président du syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (Snia) lors d’une conférence de presse organisée le 2 mars 2022 avec La Coopération Agricole nutrition animale, au Salon international de l’agriculture (Sia).
Les deux organisations présentaient à cette occasion leur manifeste d’engagement pour un approvisionnement en soja des fabricants d’aliments 100 % durable, alors qu’une réglementation à ce sujet est en réflexion au niveau européen. Deux paliers intermédiaires sont fixés, avant d’atteindre les 100 % d’importations avec garanties de non déforestation : 50 % à la fin de 2022 (contre 38 % en 2019-2020) puis 75 % à la fin de 2023.
Pas d’inquiétude sur l’engagement des fabricants
Interrogé sur les outils à disposition pour contraindre les fabricants d’aliments à jouer le jeu, François Cholat s’est montré confiant : « Je ne pense pas qu’il y aura besoin de les contraindre. Beaucoup sont déjà engagés dans ces démarches, je crois qu’ils ont compris les enjeux qu’elles représentent. […] Oui il y aura des exceptions, mais elles seront emportées par la masse. »
« 96 % des coopératives liées à l’alimentation animale avaient rendez-vous cet après-midi pour la signature de ce manifeste », a ajouté David Saelens, président de La Coopération Agricole nutrition animale.
Au consommateur de payer l’addition
Le surcoût estimé de ces approvisionnements durables serait relativement faible. « On nous parle de 2 à 3 euros, ou de 10 à 12 euros par tonne selon les importateurs », a précisé François Cholat. Les deux organisations demandent à intégrer ces coûts dans la construction des indicateurs alimentaires des filières animales, dans l’esprit de la loi Egalim 2.
« Ce n’est pas un gros mot, il faut que ça aille jusqu’au consommateur », a appuyé David Saelens. Sur le produit fini, l’impact serait « extrêmement minime », mais « insupportable » pour les acteurs de la filière, a ajouté Jean-François Arnauld, président de la plateforme Duralim, également présent.
Pas de distorsion de concurrence
Interrogé sur une éventuelle distorsion de concurrence vis-à-vis des autres producteurs européens, Jean-François Arnauld a assuré que la plateforme qu’il préside travaillait « au niveau français, mais aussi européen » pour une application de la réglementation à tous les pays membres. « C’est pourquoi on [souhaite] s’aligner sur les propositions de la Commission européenne, et qu’on contribue à ses travaux. » À travers son observatoire, mis en place il y a un an, la plateforme Duralim permettra le suivi de l’engagement « zéro déforestation importée ».
Selon les intervenants, le texte de la Commission européenne pose, en l’état, « un certain nombre de problèmes » qu’ils assurent suivre avec attention. « Les différents interlocuteurs européens que nous avons rencontrés se sont systématiquement montrés très intéressés par le travail réalisé dans le cadre de Duralim », s’est réjoui David Saelens.