À l’issue des trois jours passés à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) pour le congrès des Jeunes Agriculteurs, Arnaud Gaillot, son président, n’a pas caché l’âpreté des échanges entre les adhérents : « Je pense que ce rapport d’orientation aura la palme du plus longuement débattu », a-t-il jeté dans son discours de clôture. Et pour cause, le thème des changements climatiques lui aussi travaillé dans le pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles, fourmille de sujets de controverse. Mais pour le président du syndicat, c’est un mal nécessaire « si les jeunes n’ont pas des positions qui bousculent, alors l’agriculture ne grandira pas par le haut », a-t-il clamé.
Sur le thème de l’écologie, l’agriculture n’est toutefois pas toujours la voix qui porte le plus dans le débat public, ce que regrette Pierrick Horel, secrétaire national du syndicat. « Je ne crois pas que qui que ce soit puisse être dépositaire de l’écologie sur le territoire. On a tous envie qu’elle se porte mieux et personne n’a envie de le polluer », a-t-il plaidé au cours d’une table-ronde avant d’ajouter : « Avoir ce débat de manière posée, nous ferait un grand bien pour se projeter vers l’avenir. »
Des discussions animées
La veille, plusieurs sujets épineux avaient été débattus entre les régions syndicales et le conseil d’administration pour la rédaction du rapport d’orientation.
C’est le cas de celui de l’énergie et notamment la méthanisation : « Il a fallu trouver un équilibre au sujet de l’utilisation de la biomasse car on n’a pas tous la même vision selon les productions », témoigne un adhérent.
L’idée d’un diagnostic climat inclus au parcours à l’installation a lui aussi suscité quelques réserves avant d’être couché sur le rapport final. « L’idée n’est pas d’imposer les pratiques à mettre en place à la suite de ce diagnostic mais simplement de commencer une prise de conscience du changement climatique. Libre au jeune agriculteur de faire ses choix de chef d’entreprise ensuite », a précisé Pol Devillers, rapporteur.
Le consensus a lui aussi été trouvé pour l’eau et son utilisation mais non sans discussions là aussi. « Il y a eu beaucoup de débats car on n’affronte pas tous la même réalité sur nos territoires », précise un autre adhérent.
Quelques flèches décochées
Dans son discours de clôture, Arnaud Gaillot a également repris ce thème de l’eau pour lancer quelques piques. « Il est temps que l’État remette de l’ordre et fasse respecter la loi. Nous demandons la pleine application du Varenne de l’eau. Nous demandons de ne pas céder à ces terroristes qui tentent de faire tomber la démocratie », a-t-il réclamé.
Moment choisi pour glisser un tacle à d’autres organisations. « Chez Jeunes Agriculteurs, nous ne détruisons pas les véhicules de gendarmerie; chez Jeunes Agriculteurs quand nous manifestons, nous ne détruisons pas les outils de nos collègues », a appuyé Arnaud Gaillot.
Ne pas oublier la base
Le rapport d’orientation se veut ambitieux pour le climat mais Arnaud Gaillot a également rappelé quelques bases. « La rémunération de la production agricole est la condition sine qua non à la planification et à la réussite des transitions. Nous devons donner les moyens aux agriculteurs d’effectuer ces transitions, par le numérique, par la recherche, par l’innovation », a-t-il souligné.