La présentation le 28 mai 2025 du prochain congrès de Jeunes Agriculteurs (JA) à Auch du 3 au 5 juin a été l’occasion pour son président Pierrick Horel de dresser le bilan d’une première année mouvementée de présidence. « 2026 ce sera la refonte de notre offre syndicale », prévient-il. « Nous avons été challengés et ça a été mis en exergue par les élections aux chambres d’agriculture. »

La victoire de l’alliance FNSEA-JA a en effet été en partie occultée par la forte poussée de la Coordination rurale. Mais les changements se font aussi au sein du mouvement lui-même. « Il y a une nouvelle forme d’engagement syndical, parfois plus radicale », observe l’éleveur. Nous devons nous poser des questions parce que notre public change, avec de plus en plus de profils qui ne sont pas issus du monde agricole », complète-t-il. Beaucoup de sujets seront abordés. « Nous mettons absolument tout sur la table, c’est-à-dire la communication, interne en externe, nos instances, notre vie syndicale au quotidien… L’idée, c’est de tout regarder », ajoute Pierrick Horel, avec un résultat attendu donc en 2026.

Coopération et mutualisme au menu

Au sujet des élections toujours, mais de la MSA cette fois, le président de JA déplore comme beaucoup la faible participation (18,05 %), qu’il explique en partie par le calendrier. « Nous sommes parvenus à endiguer la chute de participation pour des élections aux chambres. Mais remobiliser les agriculteurs tout de suite pour un deuxième scrutin, c’est compliqué. » Pierrick Horel regrette d’ailleurs « que certains voient la MSA comme un collecteur de cotisations et non pas comme un service de proximité avec un guichet unique et tous les avantages qu’on connaît ».

Mutualisme et coopération seront d’ailleurs les thèmes travaillés au congrès. Le syndicat souhaite y évoquer les questions de gouvernance, de formation et « trouver des moyens d’intégrer les jeunes dans ces gouvernances », explique Stéphanie Lebègue, éleveuse laitière bio et l’une des trois élus JA qui travaille sur le rapport d’orientation. Seront étudiés des sujets comme la répartition des pouvoirs ou le contrôle de la gouvernance des filiales afin de « garantir plus de transparence et de cohérence » dans un contexte où « la jeune génération est de plus en plus individualiste et n’a pas forcément la culture de la coopération », analyse Pierrick Horel.

La loi Duplomb plane

Au sortir de la séquence mouvementée de l’arrivée de la proposition de loi visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » dite « loi Duplomb », le président de JA nourrit des regrets sur l’issue des mobilisations agricoles. « La majorité des députés nous expliquait qu’on avait besoin de retrouver une forme de souveraineté alimentaire, chacun avec sa sensibilité politique et sa vision, se souvient-il. Néanmoins, quand nous avons concrétisé l’objectif et que nous passons au moment de graver tout ça dans la loi, on s’aperçoit que ce n’est plus tout à fait le cas. » Désormais, place à la suite. « Il faudra trouver aussi des équilibres en commission mixte paritaire, pour avoir un texte qui soit revoté, attend Pierrick Horel. Je trouve que tout ça est déjà suffisamment monté en épingle, on a besoin de reposer un peu le débat. »

Les dossiers sur la table sont donc nombreux et certains ne pourront pas avancer comme le syndicat le souhaiterait. C’est le cas de la grande loi foncière, espérée par JA. « Au vu du paysage politique et notre capacité à voir des majorités sur des textes, notamment sur le foncier qui est un sujet assez clivant, on se dit que ce n’est peut-être pas la meilleure fenêtre de tir », juge Pierrick Horel. Eu égard à la dernière séquence parlementaire, difficile de lui donner tort.