On le sait, le maïs a besoin d’eau en été, au moment où des restrictions peuvent s’imposer. Raisons pour lesquelles réfléchir à la durabilité d’une exploitation basée sur la maïsiculture peut avoir du sens. Bernard Pellausy, agriculteur à Savenès, dans le Tarn-et-Garonne, a choisi de ne pas diminuer l’irrigation mais d’en dédier une partie à une autre culture que le maïs : le sorgho.

Avec ses 6 litres par seconde engagés en contrats avec Rives et Eaux du Sud-ouest, l’exploitant a diminué de 25 % le nombre de tours d’eau de 30 mm sur ses 114 ha maïs, pour passer « à 8, contre 10 à 12 avant, selon les années ». « Avant, j’avais un rendement de 12 tonnes à l’hectare, je suis maintenant à 10 tonnes, compte-t-il. Mais le prix du maïs a baissé, donc la valorisation des 20 quintaux supplémentaires ne vaut pas le coup. »

En effet, ici, « l’irrigation est une assurance qui coûte cher », témoigne Bernard Pellausy. Il faut compter 420 à 480 euros d’eau par hectare. Conséquence, l’eau qu’il n’utilise pas sur ses maïs, l’agriculteur la réserve à ses 35 ha de sorgho. « J’en fais en dent de scie depuis vingt ans et c’est une culture qui demande beaucoup moins d’eau que le maïs », se félicite-t-il. Avec quatre passages de 30 à 35 mm, « j’arrive à sortir 70 quintaux si le sorgho est propre. »

La baisse de 25 % du nombre de tours d’eau sur maïs s’inscrit depuis 2023 dans le projet Climvalley, porté par Arvalis. Sur ces deux dernières années, « l’essai n’a pas été concluant. Il a plu en été donc ça a faussé les résultats », indique Élodie Bessonnet, conseillère en grandes cultures à la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne.

Rotations, couverts végétaux…

Par ailleurs, l’agriculteur s’est équipé de sondes tensiométriques « pour ajuster les besoins » (lire l'encadré). En plus de ses enrouleurs, Bernard a un pivot doseur, qui distribue de façon différenciée sur la parcelle. « J’ai bien sûr eu une prise de conscience sur l’utilisation de l’eau », assure-t-il. Essentiel dans une zone qui, selon les projections d’Oracle, l’observatoire régional des données agrocliamtiques d’Occitanie, verra son déficit hydrique (différence entre la pluviométrie et l’évapotranspiration) passer de 216 mm par an aujourd’hui à 242 mm par an dans cinq ans et 271 mm par an dans vingt-cinq ans.

Au-delà de cette adaptation de l’arrosage, Bernard a mis en place depuis de nombreuses années une rotation des cultures avec du maïs, du blé, du tournesol, de la luzerne. Il s’est aussi converti aux couverts végétaux « depuis une vingtaine d’années » : phacélie et avoine rude, moutarde ou féverole. « Sur les terrains argileux, le sol est plus souple, moins compact, grâce à ça », se félicite-t-il. À condition d’arriver à les implanter : il fait parfois trop sec après un blé, trop humide après un maïs. Enfin, le labour n’est, ici, pas systématique.