Environ 10 000 personnes sont attendues au Futuroscope en cette journée de vacances scolaires. Les manifestants mobilisés ce vendredi 24 octobre bloquaient les accès au parking, mais pas les entrées du parc, que les visiteurs rejoignaient à pied après avoir garé leur véhicule plus loin. Ils répondaient à l’appel commun de la Coordination rurale, qui dirige la chambre d’agriculture départementale, de la FNSEA 86 et de Jeunes Agriculteurs 86 (JA). Quel est l’objet de leur mobilisation ? Le partage de l’eau, en particulier pour l’irrigation.

Des enjeux pour l’agriculture pas assez « pris en compte »

Les manifestants estiment que les enjeux de leur profession n’ont pas été suffisamment « pris en compte » dans une étude scientifique fixant le cadre du partage entre consommation d’eau potable, usages industriels et usages agricoles au sein du territoire. Maintes fois reportée depuis 2023, cette étude HMUC (hydrologie, milieux, usages, climat) doit être soumise au vote, au début de novembre, de la Commission locale de l’eau, qui réunit État, collectivités et représentants des usagers.

Une version de ce document a été publiée sur le site de la préfecture de la Vienne, et est toujours en attente de validation officielle. Elle préconise notamment une réduction moyenne d’environ un tiers des volumes d’eau dédiés à l’irrigation agricole, dans un territoire qui « connaît un déséquilibre chronique », depuis trois décennies, entre besoins en eau et ressources disponibles.

« Baisser de 90 % les prélèvements l’été […], c’est condamner toutes les productions à valeur ajoutée »

« On veut bien diminuer nos volumes mais nous baisser de 90 % les prélèvements l’été dans certaines zones, c’est condamner toutes les productions à valeur ajoutée : légumes, semences, céréales, élevage », a déploré François Turpeau, chef de file départemental de la Coordination rurale, chargé de la question de l’eau au sein de la chambre d’agriculture.

Environ 300 emplois seraient menacés par cette baisse de l’irrigation et plusieurs filières « vont se retrouver dans une impasse », selon les syndicats qui s’appuient sur une étude consacrée aux « aspects socio-économiques » de l’irrigation, commandée par les collectivités locales.

« Ces conséquences socio-économiques doivent être intégrées et prises en compte par l’étude HMUC, et les orientations sur l’eau révisées. C’est ce que dit de la loi Duplomb depuis cet été », a insisté Philippe Tabarin, président de la chambre d’agriculture de la Vienne. Philippe Tabarin a dénoncé « l’abandon de la recherche d’un compromis » avec les agriculteurs.