Pour que l’irrigation soit efficace en maraîchage, le réseau doit être bien conçu et correctement dimensionné. Noémie Cadoux, de la chambre d’agriculture du Jura, estime que « dans nos secteurs, la plupart des difficultés rencontrées viennent d’une ressource en eau trop restreinte, d’une installation insuffisamment structurée (pompe trop faible, asperseurs dépareillés aux débits différents, pertes de charges dans les tuyaux trop élevée…), et d’un manque de praticité (tuyaux au milieu de la parcelle…). Le résultat est une irrigation moins homogène et des problèmes de levée sur les plantes. »
La première question à se poser est celle de la ressource : quelle eau va-t-on utiliser ? Celle de la nappe profonde, des cours d’eau, du réseau (si les parcelles y sont connectées) ? En fonction de l’option retenue, un forage, voire un stockage sera nécessaire. Il est important de sécuriser la ressource, qui peut évoluer : les maraîchers en ont souvent deux différentes.
Se projeter
La deuxième interrogation doit porter sur les besoins. « Pour les mesurer, explique Noémie Cadoux, il faut se projeter dans les situations les plus difficiles, par exemple une année de sécheresse où l’irrigation n’est autorisée que pendant les huit heures de nuit. Comment apporter dans ces conditions les volumes nécessaires ? Avec quel débit, quelle pression, quels matériels (goutte à goutte ou asperseur) ? »
Le volume d’eau consommé dépend des espèces, du stade des cultures, de la météo, mais aussi de la proportion de surface sous serre et de plein champ. En maraîchage diversifié (1), dans le Jura, on considère que 3 000 m³ d’eau pour un hectare de légumes (dont 10 % sous serre) par an est un maximum, et que 2 000 m³ est une moyenne.
Assurer une pression régulière
Le troisième point à prendre en compte pour éviter les pertes de charges est le choix des tuyaux. Ces réflexions se font avec le vendeur de matériel d’irrigation. Prévoir une marge de sécurité au cas où la structure s’agrandirait est utile. « Il est important d’être confortable par rapport à sa ressource en eau pour en avoir toujours assez quand il le faut », souligne la conseillère.
Quelques précautions peuvent être nécessaires pour protéger l’équipement. Installer un ballon tampon à une vingtaine de mètres de la pompe peut ainsi assurer une régularité de pression dans le réseau et éviter « les coups de bélier ». De même, si l’eau est pompée dans un bassin contenant de nombreux sédiments (feuilles mortes…), l’ajout d’un filtre fin à la pompe en plus de la crépine sera nécessaire, en particulier avec un système de goutte à goutte.
Il est important de vérifier régulièrement le bon fonctionnement de l’installation. La pression peut être contrôlée avec un manomètre à des points spécifiques : avant et après le filtre (qui peut être bouché), à l’entrée et à la sortie des serres (pression du dernier asperseur). L’état des sols à 15-20 cm de profondeur peut être surveillé avec une tarière : l’eau descend-elle bien ? Est-elle bien apportée ?
Pour être en règle avec la réglementation, il ne faut ne pas oublier de poser un compteur et de déclarer les prélèvements.
(1) Plus de 25 espèces cultivées