La « bataille de l’eau » se poursuit. Pour prévenir tout débordement, la préfecture des Deux-Sèvres a interdit le lundi 24 octobre 2022, au soir "toute manifestation et attroupement" le week-end du 29 octobre 2022 à Sainte-Soline où prévoyaient de se rassembler des opposants au chantier de construction d'une réserve d'eau de substitution pour l'irrigation agricole.

Circulation d’engins agricoles interdite

La "circulation d'engins agricoles isolés ou en cortège" est également proscrite du "samedi 29 octobre à partir de 7h00 jusqu'au lundi 31 octobre à partir de 7h00", "compte tenu des violences et destructions constatées lors des dernières actions des mêmes collectifs et afin d'éviter tout risque de trouble à l'ordre public", écrit la préfecture dans un communiqué.

Sont aussi interdits la "vente, le transport et l'utilisation des artifices de divertissement", du "carburant, des acides et produits inflammables, chimiques ou explosifs" ainsi que le "port et transport d'armes toutes catégories confondues".

L'arrêté concerne neuf autres communes autour de Sainte-Soline ainsi que celles de Mauzé-sur-le Mignon, où une première réserve est déjà construite, et de Val-du-Mignon.

Les opposants dénoncent un "accaparement de l'eau"

Ce secteur du marais poitevin est au cœur d'une bataille de l'eau entre agriculteurs et une cinquantaine d'associations environnementales, d'organisations syndicales et de groupes anticapitalistes, qui dénoncent un "accaparement de l'eau" destiné à "l'agro-industrie".

"L’indépendance alimentaire de la France ne se fera pas sans eau, quoi qu’en pensent nos accusateurs", souligne quant à lui Bernard Lannes, président de la Coordination rurale, dans une lettre ouverte du 25 octobre 2022 aux ministres de l’intérieur et de l’Agriculture.

La réserve de substitution de Sainte-Soline est la deuxième des 16 excavations recouvertes d'une membrane plastifiée prévues dans le projet élaboré par un groupement de 400 agriculteurs réunis dans la Coop de l'eau, pour "baisser de 70 % les prélèvements" en été.

Heurts et dégradations en vue

Les opposants du collectif "Bassines Non Merci" prévoyaient de "converger par milliers" samedi et dimanche prochain, pour "mettre fin" au chantier et empêcher un "bassinage général" du pays, selon leur porte-parole Julien Le Guet.

Le 26 mars dernier, une manifestation d'opposition aux projets de "mégabassines" avait réuni à La Rochénard entre 5 000, selon la préfecture, et 7 000 personnes, selon les organisateurs. Des heurts entre gendarmes et manifestants avaient émaillé la mobilisation, sans faire de blessés.

Plusieurs éléments de canalisation, des raccords et tuyaux "destinés à être raccordés au réseau de futures bassines", selon les organisateurs, avaient aussi été déterrés par des manifestants. La préfecture et la FNSEA avaient condamné ces "dégradations sur les installations agricoles".

Craignant de nouvelles dégradations, la Coordination rurale souhaite que le gouvernement "se positionne clairement" sur la question et prenne "des mesures nécessaires de protection du site de Sainte-Soline", indique-t-elle dans sa lettre ouverte.