Un rapport de la Banque mondiale et de la Kyiv School of Economics (KSE) chiffre les pertes et dommages agricoles subis par l’Ukraine depuis le début de la guerre à près de 75 milliards d’euros (80,1 milliards de dollars).

« L’impact de l’invasion de l’Ukraine par la Russie est immense sur le secteur agricole », indique le troisième rapport sur l’évaluation rapide des dommages et des besoins (RDNA) réalisé pour le secteur agricole ukrainien. Une large partie du montant, 65 milliards d’euros, est le seul fait des chutes de revenus causés par les pertes de production ou la hausse des coûts.

Le montant des pertes a doublé

S’élevant à 65 milliards d’euros (69,8 milliards de dollars), le total des estimations de pertes pour le secteur agricole ukrainien a plus que doublé comparativement aux estimations du rapport réalisé en 2023. En effet, celles-ci prennent désormais en compte les pertes survenues en 2022 et 2023, ainsi que les pertes prospectives jusqu’en 2024.

Ces pertes englobent la diminution des récoltes et de la production animale, les pertes dues à la baisse des prix intérieurs des principaux produits agricoles provoquée par les perturbations des exportations, l’augmentation des coûts de production et les coûts de remise en culture.

Deux ans après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la guerre a engendré la perte de 16 300 hectares de cultures pérennes (soit 398 millions de dollars), estime le rapport de la Banque mondiale. La capacité de stockage du pays s’est par ailleurs vue réduite de 19,5 %, alors que les dommages sur les installations de stockage représentent plus d’un milliard de dollars.

Les machines agricoles paient le plus lourd tribut des dommages

« La catégorie de dommages la plus importante est celle des machines agricoles endommagées et détruites », qui représente 5,4 milliards d’euros, soit 56,7 % de l’ensemble des dommages, détaille le rapport.

Le total des biens détruits est estimé à 9,6 milliards d’euros (10,3 milliards de dollars), une évolution modérée par rapport à la précédente étude (+18 %) puisqu’une grande partie des biens situés dans les zones d’hostilités avaient déjà été endommagés.

Des besoins pour reconstruire

Pour les dix prochaines années, les besoins totaux en matière de reconstruction et de redressement pour le secteur agricole sont estimés à 52,3 milliards d’euros (56 milliards de dollars).

Ce montant comprend le soutien à la reconstruction, en particulier le remplacement des biens endommagés (8,8 milliards d’euros), les besoins pour le redressement immédiat de la production, ainsi que sa restauration à plus long terme (33,1 milliards d’euros), mais aussi le soutien aux institutions publiques, dont « les initiatives visant à accélérer l’adhésion à l’Union européenne ».