L’Europe et l’Afrique « seront très profondément déstabilisées sur le plan alimentaire » dans les 12 à 18 mois à venir en raison de la guerre en Ukraine, a averti Emmanuel Macron le 11 mars 2022. C’était à l’issue du sommet européen de Versailles. Le président françaisappelle donc se préparer à cette déstabilisation.

 

« Il nous faut réévaluer nos stratégies de production pour défendre notre souveraineté alimentaire et protéinique, en Européens, mais aussi réévaluer une stratégie à l’égard de l’Afrique, sans quoi plusieurs pays en Afrique seront touchés dans la période de 12 à 18 mois », a-t-il précisé.

 

La souveraineté européenne, ce n'est pas qu'un slogan, c'est aujourd'hui un impératif. C'est l'agenda de Versailles.

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) March 11, 2022

 

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Ne pas aggraver la hausse des prix

Toujours sur le sujet de la guerre en Ukraine et de l’alimentation, les ministres de l’Agriculture du G7 étaient aussi réunis le 12 mars 2022 en visioconférence. Faisant suite à cette rencontre, ils ont appelé la communauté internationale à « éviter toute mesure limitant les exportations de denrées alimentaires pour ne pas aggraver l’actuelle hausse des prix ».

 

#G7 | Réunion exceptionnelle des ministres de l’Agriculture face à la situation en #Ukraine

Aux côtés du ministre , Roman Leshchenko, nous sommes déterminés à aider nos amis ukrainiens et à assurer la sécurité alimentaire à l’international. pic.twitter.com/1TsiGvttUA

— Julien Denormandie (@J_Denormandie) March 12, 2022

 

La guerre a déjà propulsé huiles, blé, soja, colza, tournesol et maïs à des niveaux inédits de prix. Le 11 mars, Emmanuel Macron a d’ailleurs rappelé que la guerre va peser sur la production de l’Ukraine, très gros producteur de blé notamment, dans 12 à 18 mois, « en raison de ce qui ne peut être planté en ce moment même », a-t-il souligné. Les cours des produits agricoles sont aussi soutenus par la flambée du cours des engrais — dont l’Europe importe 30 % de ses besoins de Russie — et le coût des carburants.

 

 

Les pays du G7 (États-Unis, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie, Japon, Canada) se sont eux-mêmes engagés « à éviter tous les signaux et mesures restrictives qui limiteraient les exportations et entraînent de nouvelles hausses de prix », selon une déclaration commune.

 

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Pas de pénurie alimentaire en Europe

Dans ce contexte, les États du G7 s’inquiètent de restrictions de pays exportateurs, qui seraient tentés de garder pour eux leur production, causant ainsi des pénuries et même des famines dans certaines régions du monde. « Si tout le monde pense à soi dans cette situation, cela va encore aggraver la crise et conduire à une nouvelle flambée des prix », a affirmé Cem Ozdemir, le ministre allemand de l’Agriculture.

 

« C’est pourquoi nous avons convenu aujourd’hui […] que ce n’était pas ce que nous voulions, mais que nous aspirions à une étroite collaboration entre États », a-t-il ajouté. Pour le cas de l’Europe, le ministre s’est toutefois montré rassurant : « L’Allemagne et l’Union européenne ne sont pas menacées de pénurie alimentaire », a-t-il affirmé.

 

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