Le Gaec de la Canner, à Koenigsmaker, portait malheureusement « bien » son nom après les pluies du vendredi 17 mai : la Canner, la rivière qui longe l’exploitation, est sortie de son lit, noyant la cour de la ferme et des parcelles. « Nous avons eu jusqu’à 1 mètre d’eau dans certains bâtiments. Du jamais vu, se désole Nicolas Bailly. Nous avons dû rentrer une centaine de vaches. Dans les prairies, il n’y a plus que les chardons debout. Le colza, le blé ont bien souffert. Je dois refaire des kilomètres de clôtures. »

De la pluie pendant 24 heures

« Cette exploitation, comme de nombreuses autres du nord et de l’est du département, a été grandement impactée par les pluies tombées sans discontinuer, pendant presque 24 heures, décrit Xavier Lerond, président de la chambre d’agriculture. Cela a occasionné des crues catastrophiques. »

Nicolas Bailly, 48 heures après la décrue, avec, à droite une parcelle de blé très abîmée, et à gauche, une prairie où l’herbe est complètement couchée. Il sera probablement impossible de faucher dans les jours et semaines à venir. (©  D. Péronne)

« La dépression est restée stationnée de part est d’autre de la frontière avec l’Allemagne, déversant l’équivalent d’un mois de précipitations, poursuit-il. De 100 à 120 mm sont tombés par endroits, s’ajoutant aux 30 mm de la veille. Les sols étaient déjà gorgés d’eau, avec tout ce qui a déjà plu l’hiver et le printemps, et n’ont pas pu absorber davantage. »

« Surtout, ces inondations arrivent à un très mauvais moment pour les éleveurs, insiste l’élu. Une partie seulement des ensilages ont été récoltés. Dans les prairies de fonds de vallée, faire les foins sera impossible. Les fourrages sentent la vase, et sont inconsommables par les bêtes. Les animaux ont dû être rentrés par endroits. Certaines cultures de printemps qui venaient à peine de sortir de terre sont compromises, avec le risque de voir les graines pourrir. »

Au secours des collégiens

La situation catastrophique dans les exploitations n’a pas empêché des agriculteurs de faire preuve de solidarité avec le reste de la population. Nicolas Heine, à Metzervisse, a évacué environ 300 élèves du collège proche, à Kédange-sur-Canner. Noyées sous 1 mètre d’eau, les rues ne permettaient pas aux bus scolaires et aux parents d’accéder à l’établissement.

Nicolas Heine et Nicolas Bailly ont évacué en bétaillère les élèves du collège, à Kédange-sur-Canner, où la montée des eaux a été particulièrement impressionnante. (© DR)

Nicolas Heine a pris seul l’initiative d’atteler sa bétaillère au tracteur, et de transporter, en plus des élèves, des personnes âgées prises au piège dans leurs maisons inondées. « J’ai fait des allers-retours pendant cinq heures, raconte-t-il. J’ai dû arrêter à 20h00, l’eau montant encore et mon tracteur risquant d’être emporté. »

Nicolas Bailly a lui aussi effectué quelques trajets avec ce « chargement » inhabituel, dont le principal du collège et deux gendarmes. François Brauer, de Distroff, a transporté des pompiers dans la cabine de son tracteur.

La chambre d’agriculture, le syndicalisme se mobilisent désormais pour que le département soit reconnu en état de catastrophe naturelle.