C’est pour partir du « rythme de vie intense » de l’Île-de-France, s’éloigner d’une région où « il y a trop de monde », que Lucie et son conjoint, Pierre, la trentaine, ont atterri à la maison Nouvelle-Aquitaine, en plein cœur de Paris, ce jeudi 28 novembre 2024. Le couple, producteur en céréales, arboriculture et maraîchage en Île-de-France se rêve à trouver une ferme en Dordogne. Un département où le terroir et le paysage ne manquent pas de faire de l’œil à ces « bons vivants ».

Alors quand Lucie a vu l’événement des Journées de la transmission-reprise d’entreprise de la Nouvelle-Aquitaine sur Facebook, elle a vu cela comme un signe. Depuis trois ans, ces journées sont organisées dans le cade du mois de transmission de la Région, mais c’est la première année qu’elles accueillent un volet agricole.

Aujourd’hui, « c’est réellement un métier de trouver des porteurs de projet », explique Christine Navailles-Argentaa, chargé de mission régionale à la chambre d’agriculture de la Nouvelle-Aquitaine.

Actuellement, « mille fermes sont recensées dans lesquelles les cédants ont enclenché les démarches », ajoute Eric Ferré, responsable du pôle transmission des chambres départementales de la Charente-Maritime et des Deux-Sèvres. Alors la délocalisation à Paris, le temps de deux journées permet aux structures d’accompagnement (comme la chambre d’agriculture régionale, la Safer, ou Terre de Liens) de proposer des rendez-vous et des ateliers.

Profils diversifiés

Dans le même lieu, des institutions locales et autres organismes de la transmission d’entreprise dans tous les secteurs se côtoient pour ces deux jours. Une façon de s’adapter à « la palette plus large des candidats que dans les départements » et de renforcer les liens entre organismes, assure Eric Ferré.

Personne en quête de salariat agricole, chef d’entreprise qui souhaite reprendre une exploitation avec des salariés, travailleur à la recherche d’une reconversion, ou simple déménagement en zone rurale… Ici, la soixantaine de personnes intéressées par le volet agricole des Journées de la transmission de la Nouvelle-Aquitaine se distingue par leur profil diversifié.

À l’heure où les exploitations ne se transmettent plus seulement par le lien familial et le couple, « il y a un intérêt à donner une forme de cohérence au dispositif. Quand on arrive dans une région, on peut être aussi intéressé par différents périmètres hors agricoles, le conjoint peut reprendre une autre entreprise par exemple », indique le responsable, attablé au milieu de fascicules sur l’installation agricole entre deux rendez-vous.

« Première étape »

Pour Lucie et Pierre, ces rendez-vous sont surtout une « première étape » dans leur projet de déménagement. Si les deux professionnels ont l’expérience du monde agricole et souhaitent continuer leur activité de maraîchage, il faut aussi penser à se mettre en relation avec les conseillers de la chambre de la Dordogne, encourage leur collègue en déplacement à Paris pour l’occasion, Carole Begaud, conseillère à la chambre d’agriculture de la Charente-Maritime et des Deux-Sèvres. Toutes les exploitations à céder n’apparaissent pas en ligne, rappelle aussi Eric Ferré.

Viennent ensuite les questions sur le prix de l’immobilier sur place, l’irrigation, les infrastructures, les points de vente et la concurrence… Une myriade de réflexions pour le couple, qui souhaite continuer dans le circuit court et la vente directe. Mais la Dordogne serait aussi le moyen de développer l’agrotourisme avec un gîte pour se diversifier et « assurer une sécurité au niveau du revenu », glisse Lucie, bien consciente des risques d’une mauvaise récolte.

Si toutes les personnes rencontrées ne sont pas aussi avancées dans leur projet, Eric Ferré veut être optimiste. En Nouvelle-Aquitaine, « il y a des secteurs entiers qui jouent leur avenir sur le renouvellement ». Alors même si ces journées ne sont souvent qu’un premier contact, « ce serait trop bête de passer à côté de gens qui ont envie de se lancer dans l’agriculture ! » Y compris, en plein cœur de la capitale.