Dans les zones où les semis de céréales d’hiver n’ont pas pu être effectués, Arvalis incite encore, quand cela est possible, à semer des blés tendres d’hiver. Toutefois, certains agriculteurs s’orientent déjà vers des cultures d’été ou de printemps, comme le blé tendre de printemps.

Une sole qui progresse

Ce blé de printemps ne couvre habituellement que peu de surfaces, 15 000 hectares environ, mais régulièrement sa sole augmente à la suite de problèmes d’implantation de cultures d’automne notamment. Cela a été le cas en 2020 avec 40 000 hectares implantés. Les conditions très humides de la fin de 2023 font craindre des ressemis par endroits, et là encore cette culture pourrait être une option.

« Il faut savoir que d’un point de vue génétique, il s’agit d’un blé avec une note d’alternativité de 8 ou 9. Il n’aime pas le froid et a un cycle assez rapide. Ainsi, même semé relativement tard, il sera quand même récolté à la fin de juillet en garantissant une montée à épi », précise Jean-Charles Deswarte, de chez Arvalis.

Mais il y a aussi des différences réglementaires entre un blé tendre d’hiver et un de printemps. Du point de vue de la Pac, la bascule se fait au 1er janvier. Concernant les usages phytosanitaires, c’est en revanche à partir du 1er février. Ainsi, la liste des herbicides disponibles se restreint fortement.

Davantage de protéines

Un blé tendre de printemps, au sens strict, devra être implanté entre la mi-février et la mi-mars. Il y a normalement moins de pertes à la levée, mais on visera au moins 300 à 350 grains/m² pour compenser le faible tallage. Il y a peu de variétés disponibles et elles sont pour la plupart inscrites depuis quelques années déjà.

« Quand il y a une forte demande, une fois tous les dix ans environ, il y a possibilité d’en importer, de l’Espagne notamment », précise l’UFS, Union française des semenciers. Ces variétés ont malgré tout une bonne valeur d’usage à des fins de meunerie. Le potentiel de rendement est légèrement affecté par le cycle plus court, ce qui facilite la concentration des teneurs en protéines.

Il faut d’ailleurs avoir en tête ce potentiel moindre pour construire son itinéraire technique. Par exemple, dans les Hauts-de-France, il est en moyenne de 55 q/ha. « Il faut raisonner l’azote en fonction de ce potentiel de rendement. De plus, sur la protection des cultures, il y a moins de problématiques qu’une culture d’hiver », ajoute Anne-Monique Bodilis, ingénieure chez Arvalis dans les Pays de la Loire. C’est pour cette raison que certains agriculteurs bio optent pour cette espèce.

En revanche, les blés tendres de printemps ont une phase de tallage plus réduite et un enracinement moindre. Elles sont ainsi plus sensibles à la sécheresse et sont à éviter en sols superficiels. Arvalis précise qu’une irrigation est souvent valorisée.