La détection automatisée d’adventices s’est développée ces dernières années, offrant la possibilité de réaliser un désherbage ciblé des parcelles, en simultané ou en différé (lire l'encadré). Le principe est de localiser les mauvaises herbes présentes sur sol nu ou cultivé dans le champ et de traiter uniquement ces zones avec un herbicide. Le désherbage ciblé est bien adapté au maïs et aux prairies par exemple, pour des traitements sur des adventices se développant par taches comme les vivaces (chardon, liseron des champs, sorgho d’Alep, rumex…).
« Les graminées se disséminent un peu partout, la pulvérisation ciblée a donc un intérêt plus limité », note Benjamin Perriot, ingénieur des techniques de pulvérisation chez Arvalis. Quant au datura, le problème est qu’il pousse souvent en décalage avec le maïs et la céréale sera trop grande lorsqu’on va vouloir le détruire. « Toutefois, la technologie de détection peut être intéressante même sans aller jusqu’à la pulvérisation ciblée, cela évite un désherbage manuel à l’aveuglette », indique-t-il.
Economie de phytos
Arvalis teste depuis 2018 différents dispositifs d’application différée sur les Digifermes de Boigneville (Essonne) et de Saint-Hilaire-en-Woëvre (Meuse), sur maïs et prairie. « La technique peut être intéressante pour diminuer de façon importante, de 80 à 99 %, les quantités de phytos appliquées à l’hectare comparé au traitement sur la surface entière, rapporte Benjamin Perriot. Et d’apporter la bonne dose à un endroit précis. » Le pourcentage de réduction de produit apporté dépend de la structure et de la taille des taches d’adventices et de leur densité dans la parcelle. Ainsi que de la largeur des tronçons du pulvérisateur.
La technique demande un investissement de départ sur l’automoteur, « mais si on dimensionne correctement l’achat de la machine, c’est-à-dire en passant par la copropriété ou une Cuma, il est rentabilisé assez facilement, dès 50 % de surface traitée », note l’ingénieur. Sur la ferme-type de l’Adour, évaluée par Arvalis avec le logiciel Systerre, les charges mécaniques augmentent ainsi que le temps de travail quand la pulvérisation ciblée du maïs en temps réel est activée (pour un bon fonctionnement des capteurs).
En revanche, les charges herbicides passent de 65 à 58 € pour 50 % de surface traitée. « Finalement, quand la pulvérisation ciblée traite 85 % de la surface totale, la marge nette diminue de 4 €/ha en raison des investissements en matériel, passant de 253 €/ha (désherbage en plein) à 249 €/ha. Mais cette marge se maintient dès que la surface traitée passe à 50 % de la surface totale, et elle augmente de 6 €/ha quand la pulvérisation ciblée permet d’abaisser la surface traitée à 15 % de la surface totale », analyse l’institut technique.